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CANDILIS GEORGES (1913-1995)

D'origine grecque, né à Bakou, l'architecte français Georges Candilis a fait ses études à l'École polytechnique nationale d'Athènes avant de travailler, dès 1946, chez Le Corbusier, sur le projet d'unité d'habitation de Marseille, dont il dirigea le chantier avec l'architecte américain Shadrach Woods (1923-1973). En 1951, Candilis et Woods vont diriger le bureau africain de l'Atbat (Ateliers des bâtisseurs), structure créée par Le Corbusier, Vladimir Bodiansky et André Wogensky. À son retour en France, Candilis rencontre à l'Atbat l'architecte Alexis Josic (1921-2011).

L'aventure de l'équipe Candilis-Josic-Woods commence en 1954. Il serait vain de vouloir départager les mérites respectifs des membres d'une équipe aussi soudée. Il revient cependant à Candilis d'avoir créé cette équipe, de lui avoir apporté sa fougue, sa générosité, son sens du combat.

Nourris du mouvement moderne, Candilis-Josic-Woods vont, en une dizaine d'années, proposer une réflexion architecturale absolument nouvelle, centrée sur l'habitat ; réflexion assez différente de celle de Le Corbusier (toujours à la recherche de la belle forme), plus proche des recherches sur l'habitat minimal menées par les architectes allemands des années 1920. Sans doute est-ce à cause de la nature des programmes proposés à l'agence, depuis l'habitat musulman jusqu'à la résorption des bidonvilles pour le concours de Lima (Pérou), en passant par les réalisations très nombreuses de l'opération Million en France, que la question de l'habitat est en effet abordée de manière a-esthétique, la priorité étant donnée à l'organisation du plan. Rationalisme subtil pourtant, distinguant, à la manière de Louis Kahn (espace servant/espace servi), des fonctions précises (accès, rangements, bains, etc.) qui exigent à la fois des solutions précises et des fonctions moins déterminées pour lesquelles la notion d'adaptabilité dans le temps doit être mise en œuvre.

Mais le rationalisme et l'organisation du plan, d'abord exprimés sous forme de modèles abstraits, sont ensuite confrontés aux climats, aux lieux, aux modes de vie. Le logement devient ainsi habitat car il entretient une relation forte avec son milieu. Pour Candilis, la cabane du charbonnier est un habitat au sens propre, car elle est en osmose avec la forêt et le travail du charbonnier. L'habitat est le lieu de l'universel et du contingent. Habiter, c'est répondre, d'une part, aux besoins universels de se réunir et de s'isoler, et, d'autre part, aux conditions particulières du lieu ; les projets d'habitat musulman reprennent le schéma de la cour traditionnelle (Maroc : types Sémiramis et Nid d'abeilles en 1952, réalisation Nids d'abeilles à Casablanca en 1953).

L'évolution de la pensée de l'équipe, rapide et radicale grâce au nombre et à l'importance des commandes, concerne l'organisation urbaine, en particulier l'intégration du logement dans l'espace public : à partir des belles architectures isolées du Maroc, la continuité urbaine va être inventée ou réinventée jusqu'à la constitution de nappes continues. Cette évolution les amène à contester la Charte d'Athènes au sein du groupe Team X, formé d'une dizaine d'architectes (A. et P. Smithson, J. Bakema, A. Van Eyck, G. di Carlo, G. Candilis, A. Josic, S. Woods...).

L'opération Million se caractérise par un habitat très économique, construit dans toute la France, en particulier pour Emmaüs (par exemple à Bobigny, au Blanc-Mesnil, à Gennevilliers). Dans le plan d'extension de Bagnoles-sur-Cèze, une liaison forte avec l'agglomération ancienne et une relation interne entre logements et équipements vont être recherchées. En 1961, avec les projets de Caen-Hérouville[...]

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Écrit par

  • : architecte D.P.L.G., urbaniste de l'État, professeur d'architecture à l'université de Paris-Tolbiac

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