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CHAMPETIER GEORGES (1905-1980)

Chimiste français, né et mort à Paris, fondateur en France de la chimie macromoléculaire.

Georges Champetier fait ses études secondaires à l'école primaire supérieure Lavoisier. Il y prépare le concours d'entrée à l'École supérieure de physique et chimie industrielles de la Ville de Paris, où il entre en 1922 et d'où il sort, en 1925, ingénieur chimiste et premier de sa promotion.

Ses premières recherches, faites à la Sorbonne dans le laboratoire d'André Job, concernent la fixation de l'acétylène par des organoferriques transitoires, qui conduisent à des polyacétylènes. La science des macromolécules naissait au même moment à divers endroits dans le monde, et particulièrement en Allemagne grâce à Hermann Staudinger (Prix Nobel de chimie en 1953), qui lui donna son nom. Elle devait dominer la chimie du xxe siècle, et Georges Champetier fut l'un de ses fondateurs.

À la mort d'André Job, en 1928, Georges Champetier entre comme assistant de Georges Urbain à l'Institut de biologie physico-chimique, et s'attache à l'étude de la structure et des réactions de la cellulose. À cette époque, la controverse entre la théorie de la structure micellaire et celle de la structure macromoléculaire des polymères était très vive, malgré les progrès de la seconde, en particulier à la suite des travaux de Staudinger. Champetier se range résolument parmi les tenants de la théorie macromoléculaire et lui apporte des arguments nouveaux par la mise en évidence des combinaisons d'addition de la cellulose avec les bases alcalines, l'eau et les acides. Il réalise également, dès 1931, des études aux rayons X de diverses celluloses et de leurs composés d'addition, ainsi que des protéines fibreuses (kératine, élastoïdine).

Ces recherches lui font pressentir l'effet important des interactions latérales macromoléculaires sur la cohésion moléculaire, et l'incitent à s'orienter vers l'étude des polyamides synthétiques souvent appelés nylons, sur lesquels ses travaux seront très nombreux. On peut citer, en particulier, l'étude de la polycondensation de l'acide amino-11 undécanoïque, qui donne le polyamide 11 dont le développement industriel sera important (Rilsan), et des dérivés N-substitués de la même famille dans lesquels les liaisons hydrogène peuvent s'affaiblir et même disparaître. Georges Champetier établit, dès 1948, l'existence d'une relation linéaire entre le point de fusion des polyamides et l'intensité des interactions hydrogène intervenant dans les macromolécules, et définit un indice d'interaction hydrogène dont la valeur peut être prévue à partir de la constitution chimique. Il réalise en outre la synthèse de divers polyamides substitués pouvant conduire à des polyamides réticulés, en particulier par des ponts disulfure analogues à ceux de la kératine de la laine. Dans le domaine des dérivés cellulosiques, il montra le caractère à la fois topochimique et préférentiel des réactions de substitution, en particulier en ce qui concerne les réactions de nitration, et il prépara de nouveaux produits de substitution. Avec ses élèves, il s'intéressa à des domaines de recherche très variés : dérivés de l'alcool polyvinyliques, polymérisation des huiles siccatives, polymérisation des lactames, synthèse de copolymères séquencés, dynamique conformationnelle des chaînes macromoléculaires. Il a dirigé plus de cent thèses et écrit plus de deux cent cinquante articles scientifiques.

En dehors de son propre laboratoire, le professeur Champetier a joué un rôle capital dans le développement des recherches macromoléculaires en France, aussi bien pour les recherches fondamentales que pour les recherches industrielles. L'activité d'enseignant de Georges Champetier est aussi importante que son activité de recherche.[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences, professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du laboratoire associé numéro 24 du C.N.R.S.

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