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DAUMEZON GEORGES (1912-1979)

Georges Daumezon est né le 3 juin 1912 à Narbonne, dans une famille d'origine cévenole, où les persécutions de la Terreur blanche et de la révocation de l'édit de Nantes restaient en mémoire et fournissaient un aliment historique direct à une culture biblique et théologique animée de la passion de la liberté et de la raison. Il fit à Montpellier, puis à Paris, des études supérieures de médecine et de droit : licencié en droit à vingt ans, interne des Hôpitaux psychiatriques de la Seine, de vingt et un à vingt-cinq ans, en particulier dans les services de Joseph Capgras et de Guiraud ; il devint docteur en médecine en 1935, avec une thèse mémorable sur La Situation du personnel infirmier des asiles d'aliénés. Ce travail lui valut, l'année suivante, le prix Baillarger de l'Académie de médecine, qui soulignait par là à la fois la qualité intrinsèque du livre, son originalité (la précédente étude sur ce sujet datait de 1848) et l'actualité du problème de la formation du personnel dans l'efficacité des soins. Daumezon est reçu au concours de médecin des Hôpitaux psychiatriques à vingt-cinq ans et il occupe son premier poste à Sarreguemines, en septembre 1937. En octobre 1938, il devient médecin-directeur de l'hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais, où il restera jusqu'en 1952. C'est là que, pendant la guerre déjà, mais surtout après la Libération, il entreprend, comme Lucien Bonnafé à Sotteville-lès-Rouen et François Tosquelles à Saint-Alban en Lozère, une mutation de l'asile qui bientôt sera désignée par l'expression de « psychiatrie institutionnelle » : il s'agit, dans le dénuement de ces années-là, d'employer tous les moyens de la vieille institution asilaire pour améliorer ou guérir les malades, en se souciant surtout, d'une part, d'amener ceux-ci à se prendre en charge eux-mêmes, d'autre part, d'assurer la formation des personnels, objectif dont Georges Daumezon ne cessera de se préoccuper jusqu'au congrès d'Auxerre.

Médecin des Hôpitaux psychiatriques de la Seine en 1951, il dirige durant un an et demi un service de Maison-Blanche où, avec Philippe Kœchlin, il poursuit la mise en œuvre des thérapies institutionnelles et continue à s'intéresser à ces médicaments qu'on appelle alors gangliplégiques, les futurs neuroleptiques. De juillet 1952 à octobre 1966, il est chef de service à l'Admission de l'hôpital Sainte-Anne, poste créé en 1867 et particulièrement illustré par Valentin Magnan. Il y développe les recherches sur la sémiologie psychiatrique et ouvre libéralement le service aux recherches de psychologie clinique (Marie-Laure Fauroux-Lebeau, Georges Brabant, Babinet), d'électro-encéphalographie (C. Blanc, Gabrielle C. Lairy-Bounes), de neurologie (Julian de Ajuriaguerra, René Angelergues), d'épidémiologie (R. Sadoun, Y. Champion), de psychanalyse, en particulier de psychanalyse des psychoses (Michel Lubtschansky, Piera Aulagnier, Salomon Resnik). D'octobre 1966 jusqu’à sa mort, survenue le 6 mai 1979, il est le médecin-chef de l'hôpital Henri-Rousselle, assurant en même temps non seulement la supervision de la guidance infantile et du laboratoire d'électro-encéphalographie, mais surtout la direction clinique du service hospitalier du XXIIe secteur de Paris et du Centre psychiatrique d'orientation et d'accueil (CPOA) : les patients, au lieu de passer quarante-huit heures sur place, se trouvaient ainsi examinés et conseillés, les uns étant directement hospitalisés dans le service dont ils relevaient, les autres étant voués à un traitement ambulatoire. La mutation de l'« Admission » en CPOA était une œuvre réfléchie, qui adaptait à la situation très particulière de Paris la sectorisation de la psychiatrie.

L'œuvre de Georges Daumezon[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, chef de service honoraire à l'hôpital Esquirol

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