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BRÉBEUF GEORGES DE (1617-1661)

Poète français, issu d'une famille de vieille noblesse normande. Pauvre et malade, ombrageux, instable et exalté, Brébeuf est doué d'une sensibilité inquiète, et porté à la mélancolie. Longtemps, en dépit du succès obtenu par la libre traduction qu'il donne de La Pharsale de Lucain (1653), ses ambitions et ses espérances restent déçues, quand enfin il trouve un protecteur en Fouquet ; mais il n'a plus que trois ans à vivre : sa mort suivra de quelques jours la chute du surintendant. Très tôt, on ne retient de son œuvre que cette Pharsale dont Boileau condamnera sévèrement l'emphase, la boursouflure et la grandiloquence : emporté par son goût du sublime (Corneille, qu'il connaît bien et qu'il admire, lui enviera certains vers), l'auteur renchérit sur son modèle et, par la pensée comme par l'expression, se montre, comme on l'a dit, Lucano Lucanior, plus Lucain que Lucain même. Pourtant, à côté de ce poème, il laisse une production d'une diversité surprenante : poésie mondaine qui allie la fantaisie la plus charmante et la raillerie la plus ingénieuse (La Gageure, ou Cent Cinquante Épigrammes et Madrigaux contre des femmes fardées) à une préciosité outrancière, digne de Mascarille (ou qui déjà ridiculise Mascarille), mais aussi poésie burlesque (Brébeuf avait écrit, avant Scarron, une parodie du septième chant de L'Énéide) ; cultivant le paradoxe comme à plaisir, il revient au genre, après La Pharsale, avec un... Lucain travesty. Refusant de se laisser enfermer dans les limites d'un genre ou dans celles du bon goût, impuissant à se définir et à se fixer, trop docile aux commandes qui lui sont faites (il le reconnaît lui-même) ou à la mode du moment, il trouve pourtant, dans sa dernière œuvre, une voie où il donne enfin sa mesure, celle de la poésie religieuse : ses Entretiens solitaires, ou Prières et Méditations pieuses en vers françois (1660) sont un recueil original, personnel, attachant et encore aujourd'hui vivant.

— Bernard CROQUETTE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

Classification

Autres références

  • BURLESQUE, esthétique

    • Écrit par
    • 805 mots

    Mode littéraire qui a fait fureur en France au xviie siècle pendant une dizaine d'années (env. 1643-1653). À genre nouveau, mot nouveau : le terme lui-même est emprunté à l'italien et introduit dans la langue (ou plutôt réintroduit, car il avait déjà été employé, mais avec un sens différent)...