CAUNES GEORGES DE (1919-2004)
Né le 26 avril 1919 à Toulouse, licencié en droit de la faculté de Toulouse, Georges de Caunes entame sa carrière de journaliste à la Radiodiffusion française dès la naissance de celle-ci en 1944. Pionnier de la télévision, il participe à la création du journal télévisé, alors unique et en est le présentateur durant trois ans, de 1963 à 1966. Sa liberté de ton – tel cet enchaînement après un sujet sur les faits et gestes du président de Gaulle : « Et maintenant, passons du général au particulier » – le rend très populaire.
Son impertinence et son irrespect traduisaient une parfaite compréhension des enjeux de la télévision en tant que nouvel instrument d'information. Grâce à la télévision, il devenait possible de produire en direct un commentaire d'événements mis en images. Georges de Caunes a ainsi commenté le premier tiercé en direct, le 17 juin 1956, depuis l'hippodrome d'Auteuil. Ses activités publicitaires, jugées à l'époque non compatibles avec sa carte de presse, le contraignent à quitter l'O.R.T.F. en 1966. Il se tourne alors vers la radio, lieu par excellence du commentaire journalistique, où il devient animateur à Radio Luxembourg (1967-1969), puis à Radio Monte-Carlo (1974-1978).
De retour à la télévision, de 1975 à 1979, comme chef du service des sports de T.F.1, il commente les matches de rugby du Tournoi des cinq nations en compagnie de l'abbé Pistre. Dans le commentaire sportif, il est un journaliste moderne au sens où il est celui qui, par son discours, donne sens à l'image et à l'événement
Georges de Caunes incarnait surtout l'esprit d'un journalisme engagé au cœur de l'événement, à la fois acteur et spectateur de la réalité qu'il voulait vivre. La nécessité d'être « sur la scène » imprégnait son existence. « Je cours après tout ce qui vit. J'espère courir jusqu'à la fin de ma vie », expliquait-il. C'est ainsi que, dès le début de sa carrière, le jeune reporter avait démarré sa course en choisissant un journalisme de terrain. Envoyé spécial de la Radiodiffusion française, Georges de Caunes, au côté de personnalités aussi singulières que celles de Samivel, Michel Pérez, Jean Malaurie et bien entendu Paul-Émile Victor, chef d'expédition et âme des missions polaires françaises, accompagne en 1948 la première mission Paul-Émile-Victor au Groenland. Muni d'un magnétophone de 40 kilogrammes sur l'épaule, il enregistre des chants traditionnels esquimaux. Dès l'été de 1949, il repart vers les glaces, volontaire pour une mission à haut risque : parachuter au-dessus de la calotte glaciaire, par — 35 0C, des tonnes de matériel aux membres hivernants des expéditions polaires. Il participera ainsi aux trois expéditions polaires au Groenland.
Ces aventures inaugurent une série de reportages où la découverte et l'exploration de lieux inaccessibles et méconnus jusqu'alors sont pour lui le point de départ d'une réflexion personnelle sur les conditions expérimentales du travail journalistique. En 1952, il repart avec Paul-Émile Victor en Amazonie. Il découvre ensuite la Polynésie, où, en 1956, il tourne avec Bernard Borderie une fiction, Tahiti, ou la Joie de vivre, dans laquelle il jouait son propre rôle de journaliste. Six ans plus tard, il s'installe en solitaire sur l'île d'Eiao, au large des îles Marquises. Là, seul avec sa chienne Eder, il cherche à « découvrir les mécanismes de la solitude » et tente de revivre durant un an l'aventure de Robinson Crusoë. Mais son reportage se transforme rapidement en opération de survie. Malade, il doit interrompre l'expérience au bout de quatre mois.
L'explorateur a le goût des situations extrêmes au cours desquelles le journaliste est confronté à un environnement si hostile qu'il en devient l'objet[...]
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Écrit par
- Maryse RAMAMBASON : doctorante en sociologie politique à l'université de Paris-I
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