DESCRIÈRES GEORGES (1930-2013)
Sourire charmeur, un rien ironique, Georges Descrières demeure avant tout la vedette d’Arsène Lupin le gentleman cambrioleur, le feuilleton diffusé sur la deuxième chaîne de télévision de 1971 à 1974. Nœud papillon et haut de forme, monocle et cape noire sur son smoking, ainsi apparaissait-il au cours du générique chanté par Jacques Dutronc. Il était devenu non seulement le symbole de l’élégance et du bel esprit français, mais aussi une des figures les plus populaires du petit écran. Cependant, il restait avant tout un homme de théâtre. Si le cinéma a fait appel à lui, c’est à la Comédie-Française, où il est resté trente ans, qu’il a voué sa vie.
Georges Descrières, de son vrai nom Georges René Bergé (Descrières étant celui de sa mère), est né le 15 avril 1930 à Bordeaux. Il s’est formé au conservatoire de cette ville avant de « monter » à Paris, en 1952. Il passe par le célèbre cours Simon, puis entre au Conservatoire national supérieur d’art dramatique où il côtoie Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Jean-Paul Belmondo, Françoise Fabian, Annie Girardot... Il en sort récompensé par les deuxièmes prix de comédie et de tragédie. Aussitôt, selon la règle en vigueur à l’époque, il entre en 1955 à la Comédie-Française. Pensionnaire, sociétaire dès 1958, il devient, à quarante-neuf ans, le plus jeune doyen de la troupe. C’était en 1979, cinq ans avant son départ.
Au fil de plus d’une soixantaine de rôles, Georges Descrières aborde tous les auteurs du répertoire, de Corneille à Audiberti, de Diderot à Montherlant, de Marivaux à Becque, de Péguy et Claudel à Guitry... Il s’impose aussi bien dans Molière (Dom Juan dans la mise en scène d’Antoine Bourseiller qui sera reprise cent six fois, de 1967 à 1974), que dans Beaumarchais (le comte Almaviva du Mariage de Figaro) ou Edmond Rostand : en 1964, il campe un mémorable comte de Guiche dans Cyrano de Bergerac, sous la direction de Jacques Charon. Il retrouvera son metteur en scène complice régulièrement avec Marivaux (le roi de Castille, dans Le Prince Travesti en 1966) et, surtout, avec Feydeau, où il excelle dans les personnages de rastaquouère – le général Irrigua du Fil à la Patte ou le Don Carlos de Castilian de La Puce à l’oreille. Comédien dont le style représente l’essence même du Français, il séduit par la maîtrise d’un jeu classique et posé, fondé sur l’art de l’élocution.
C’est cette image que le grand public retrouve à la télévision qui fait souvent appel à lui. En quarante années, Georges Descrières tourne dans une quinzaine de téléfilms et de séries : pionnier de La caméra explore le temps, héros du feuilleton Sam et Sally, de 1978 à 1980, il est présent dans de nombreuses pièces adaptées pour le petit écran par Stellio Lorenzi (Marie Stuart, de Schiller en 1959), François Chatel (Le Prince travesti en 1972), Jean-Paul Carrère (Le Misanthrope en 1977), et Pierre Badel (Le Bourgeois gentilhomme en 1981, Les Caprices de Marianne et Le Voyage de Monsieur Perrichon en 1982). Il participe également à l’émission Au Théâtre ce soir.
Bien qu’ayant débuté au cinéma dès 1954 (il interprète le rôle de monsieur de Croisenois dans Le Rouge et le Noir adapté par Claude Autant-Lara), sa carrière dans ce domaine ne connaîtra pas la même ampleur. Dans la vingtaine de films où il se produisit se détachent Les Trois Mousquetaires (1961) de Bernard Borderie (il est Athos), Ce soir ou jamais de Michel Deville la même année (avec Anna Karina), Voyage à deux de Stanley Donen en 1967 (au côté d’Audrey Hepburn).
Après avoir quitté la Comédie-Française, en 1984, Georges Descrières se retire dans les Alpes-Maritimes où il crée et dirige le conservatoire de théâtre de Grasse. Il meurt à Cannes le 19 octobre 2013.
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Écrit par
- Didier MÉREUZE
: journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à
La Croix
Classification
Média