Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DUBY GEORGES (1919-1996)

Georges Duby - crédits : Eric Fougere/ Sygma/ Getty Images

Georges Duby

Grand maître de l'histoire médiévale, Georges Duby a nourri son approche historique du Moyen Âge par l'intérêt qu'il portait aux méthodes de l'anthropologie ou de la géographie rurale et humaine. Son regard novateur sur l'organisation de la société médiévale, notamment la féodalité, sur les mentalités collectives ou sur l'expression artistique de cette époque ont fait de lui le plus célèbre historien français de sa génération.

Les débuts

Georges Duby n'a pas connu la destinée « exemplaire » du boursier fils de petit fonctionnaire, chauffé dans une khâgne et épanoui dans une École normale supérieure. Né le 7 octobre 1919 à Paris, d'attaches familiales bourguignonnes, il fut lycéen à Mâcon de 1932 à 1937, puis, de 1937 à 1942, à Lyon, un étudiant de condition ordinaire. Dans l'intervalle, une tardive et dérisoire mobilisation en juin 1940, une sorte de clandestinité pour échapper au Service du travail obligatoire (STO), l'agrégation d'histoire passée en 1942 à Grenoble. Puis le professorat des lycées, le mariage, la famille fondée. L'essentiel reste la faculté des lettres de Lyon, où enseignait alors un médiéviste original et modeste, Jean Deniau ; Lyon, surtout, se trouvait dans l'aire de rayonnement de la grande école alpine de géographie. Georges Duby devait rappeler un jour, en évoquant son propre cas, combien le sens des réalités humaines profondes, de la peine des hommes et de la valeur des paysages, avant d'être « découvert » par quelque histoire nouvelle, avait été inculqué aux apprentis historiens de son époque par les maîtres de la géographie humaine.

Deniau devait cependant conserver son élève à sa spécialité en l'envoyant préparer sa thèse en Sorbonne, auprès de Charles-Édouard Perrin, médiéviste et ruraliste qui avait connu Marc Bloch et qui contribuait à transmettre son esprit et ses préceptes. Bloch, finalement, sera le maître posthume dont Duby se réclamera le plus volontiers. Moment décisif : la thèse, sur La Société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise, est soutenue en 1949. Elle va donner à Georges Duby ses deux identités les plus fameuses : d'abord celle du médiéviste, qui nous fera connaître de plus en plus intimement la société et la civilisation de l'Europe occidentale à l'orée du Moyen Âge (ixe-xiie s.) ; et bientôt celle de l'adepte exemplaire de synthèses historiques renouvelées par l'incorporation à l'histoire politique des études de changements profonds, d'ordre matériel comme d'ordre spirituel.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur honoraire au Collège de France
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Georges Duby - crédits : Eric Fougere/ Sygma/ Getty Images

Georges Duby

Autres références

  • ARS NOVA

    • Écrit par
    • 6 358 mots
    • 2 médias
    Dans son ouvrage, Fondements d'un nouvel humanisme (Genève, 1966), Georges Duby écrit : « Incontestablement, le xive siècle ne fut pas dans l'ordre des valeurs culturelles un moment de contraction, mais bien au contraire de rare fécondité et de progrès. Il apparaît que les dégradations mêmes et...
  • HISTOIRE (Domaines et champs) - Anthropologie historique

    • Écrit par
    • 3 148 mots
    • 1 média
    Au cours des années 1970, les emprunts des historiens à l'anthropologie s'intensifient. Pour Georges Duby, qui marche dans les pas de Marc Bloch, le transfert est homéopathique et calculé. Dans chacun de ses livres, nourris par une solide érudition, il introduit un emprunt conceptuel à l'anthropologie...
  • MARIE. LE CULTE DE LA VIERGE DANS LA SOCIÉTÉ MÉDIÉVALE (ouvr. collectif)

    • Écrit par
    • 1 253 mots

    Quelle situation la société fit-elle aux femmes aux xie et xiie siècles ? Georges Duby s'interrogea sur ce sujet dans son séminaire du Collège de France à Paris durant de longues années. Parmi les diverses approches du problème, fut abordée, durant les années 1990-1992, la question de la vénération...