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DUHAMEL GEORGES (1884-1966)

Le romancier

Entré dans la vie littéraire par la « porte d'or » de la poésie, c'est par le roman que Duhamel s'est imposé comme un grand créateur. Mais il n'a pas renoncé à trouver dans la prose les vertus du poème ; une mystérieuse et perspicace intimité avec les êtres et les choses, accordée à un humour léger, donne son ton original à une œuvre qui, des Hommes abandonnés (1921) au Cri des profondeurs (1951), est dominée par deux grands cycles romanesques : Vie et aventures de Salavin (5 vol., 1920-1932) et Chronique des Pasquier (10 vol., 1933-1945).

Dans un paysage parisien sans joie, la vie mesquine d'un petit employé falot dont les médiocres aventures débouchent sur une mort banale : ce thème naturaliste de la morosité et de l'échec, transformé par une intuition pénétrante des secrètes complexités de l'âme, se gonfle d'une riche signification ; « privé de l'axe métaphysique », Salavin « ne renonce quand même pas à la vie morale et n'a pas accepté de déchoir » : vingt ans avant les héros de Sartre et de Camus, il est le symbole pathétique de l'homme écrasé par l'absurdité du monde, muré dans sa solitude, et qui cherche cependant le salut dans le recensement de ses pouvoirs fragiles et précieux. Il y a moins de complexité dans la figure très largement autobiographique de Laurent Pasquier : les rêveries de l'enfance, les illusions de l'adolescence s'ouvrent sur la plénitude d'une vie utile et généreuse. Ce personnage central de la Chronique nous guide dans un univers contrasté, à la fois tendre et cruel avec Suzanne et Joseph, cocasse et grave avec l'extravagant docteur Pasquier et l'aérienne Cécile, où le parfait enchaînement symphonique des motifs témoigne d'une brillante maîtrise. Fidèle aux formes et à la clarté classiques, Duhamel a sans doute ignoré les abîmes révélés par la psychanalyse ou le surréalisme, les recherches esthétiques de Gide, l'ambition épique de Jules Romains. Un regard précis et sûr, les suggestions illimitées d'une poésie limpide et profonde tiennent lieu de doctrine et de méthode à ce « réaliste de l'âme ».

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé de lettres, docteur ès lettres, professeur à l'université de Clermont-II

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Autres références

  • GUERRE MONDIALE (PREMIÈRE) - La santé aux armées

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    • 4 542 mots
    • 1 média
    ...par le tir de la mitrailleuse ennemie au sortir de la tranchée ou atteint par les gaz de combat, est la victime par excellence de l’anomie du combat. Georges Duhamel, médecin dans une ambulance de l’immédiat arrière-front, a dressé de ces blessés des portraits poignants dans Vie des martyrs, en...