HAUSSMANN GEORGES EUGÈNE baron (1809-1891)
Aux origines des Grands Travaux de Paris
L’idée d’un « plan d’ensemble » appartient à Louis-Napoléon. Sensible aux problèmes sociaux, il avait lu et rencontré un certain nombre d’auteurs qui, dès le début des années 1840, avaient constaté l’encombrement du centre de Paris (notamment du fait de la présence des Halles) et le déplacement de la population vers les quartiers nord-ouest, l’actuel IXe arrondissement. Devant l’échec de la loi du 16 septembre 1807 sur les plans d'alignement des villes, les servitudes mettant des décennies à être mises en œuvre, il fallait recourir à de larges percées, à l’ouverture de voies entièrement nouvelles dans le centre.
Ces théoriciens des années 1840 sont des architectes comme Edme Grillon ou Théodore Jacoubet, des ingénieurs comme Victor Considérant, ou Perreymond (Edmond Perrey), des notables comme Hippolyte Meynadier ou Jacques-Séraphin Lanquetin, président de la Commission municipale. La plupart d’entre eux se réunissent en commissions officieuses (celle Ernest de Chabrol-Chaméane en 1839) ou officielle (celle du comte Antoine d’Argout en 1840), qui proposent des percées dans les nouveaux quartiers, notamment rive gauche.
À la fin des années 1840, les projets se font plus précis. Les notables des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin, commissionnent l’ingénieur Alfred Cadet de Chambine pour rédiger un projet de voie à ouvrir entre les deux faubourgs, dans l’axe de la nouvelle gare de l’Est, jusqu’aux Grands Boulevards. Le projet est reçu favorablement par Louis-Napoléon ; les banquiers Ardoin soumettent au préfet Jean-Jacques Berger une proposition d’expropriation et d’ouverture d’une nouvelle voie. Ce sera le boulevard de Strasbourg. Pour la rue des Écoles, un projet de l’architecte A. Portret est repris par le futur empereur, après qu’il a visité la Montagne Sainte-Geneviève. Ainsi Napoléon s’est forgé une doctrine pour un « plan d’ensemble », préconisé par les frères Lazare, rédacteurs de la Revue municipale.
Deux percées, le boulevard de Strasbourg et la rue des Écoles, ayant été réalisées, en 1852, avant même l’arrivée de Haussmann à Paris, le problème s’est posé de l’attribution de la paternité du projet « haussmannien ».
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Écrit par
- Pierre PINON : professeur honoraire à l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville
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