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HAUSSMANN GEORGES EUGÈNE baron (1809-1891)

Le mythe Haussmann

Il court sur Haussmann et la période haussmannienne beaucoup de légendes et de contre-vérités. La plus importante est celle qui porte sur les objectifs stratégiques des percées : elles auraient été tracées pour permettre les charges de cavalerie et pour utiliser l’artillerie contre les émeutiers. Cette hypothèse avancée autrefois par certains historiens ne repose sur aucun fondement, excepté pour le boulevard Richard-Lenoir (le couvrement du canal Saint-Martin) et pour le boulevard Voltaire. Dans le premier cas, le canal servait de retranchement aux ouvriers en révolte dans le faubourg Saint-Antoine. Dans le second, le boulevard permet de relier les casernes d’infanterie du Château-d’Eau (place de la République) et de cavalerie de Vincennes.

Une autre légende laisse penser que les ouvriers chassés du centre par les démolitions haussmanniennes se seraient réfugiés dans les arrondissements périphériques. Des études historiques publiées dans les années 2010 nous apprennent que les artisans, pour ne pas perdre leur clientèle, se sont entassés dans le centre, et que la périphérie a été peuplée d’ouvriers provenant des provinces.

Haussmann est souvent présenté comme urbaniste ou comme architecte. S’il a assumé des tâches administratives et mené des opérations financières, il n’a pas à proprement parler dessiné le nouveau plan de Paris qu’on lui attribue. D’ailleurs Haussmann dit, explicitement, que c’est l’architecte Eugène Deschamps qui est l’auteur du « plan de Paris » (1852-1853), c’est-à-dire qui en a tracé concrètement les percées. De la même manière, il est abusif de parler d’immeuble « haussmannien ». Il n’a pas inventé l’immeuble avec enfilade de pièces de réception en façade et des pièces de service sur cour. Il s’agit ici de la version bourgeoise de l’appartement des hôtels particuliers de l’Ancien Régime mise en œuvre sous la monarchie de Juillet. Certains des premiers immeubles construits rue de Rivoli dès 1852 ont d’ailleurs une allure éminemment « haussmannienne ». Si ce modèle d’immeubles s’est diffusé ensuite, c’est par une sorte de consensus entre les architectes et par sa visibilité via les recueils et les revues. Haussmann partageait simplement ce modèle.

C’est à contrecœur que Napoléon III renvoie son préfet, le 6 janvier 1870, à cause des abus financiers et de l’opposition politique qui le vise. Haussmann occupe différents postes dans les affaires, voyage en Italie et en Turquie, réside à Paris et au château de Cestas en Gironde, est élu député de la Corse en 1877. En tant que membre de l’Académie des beaux-arts, il se prononce contre la démolition du palais des Tuileries en 1879. Haussmann rédige ses Mémoires en trois volumes (publiés de 1890 à 1893) et meurt le 11 janvier 1891.

— Pierre PINON

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville

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