FRIEDEL GEORGES (1865-1933)
Né à Mulhouse en 1865, le cristallographe et géologue Georges Friedel était le fils de Charles Friedel (1832-1899), chimiste de renom. Un des premiers élèves de l'École alsacienne fondée à Paris sur des principes libéraux par son père et le chimiste Philippe de Clermont, il entre à l'École polytechnique en 1885 après un passage par le lycée Louis-le-Grand. Il épouse Hélène Berger-Levrault, fille d'un imprimeur alsacien installé à Nancy. Il présidera longtemps le conseil d'administration de l'imprimerie que son fils aîné dirigera après la guerre. Sorti major de Polytechnique, Georges Friedel est l'objet de pressions très vives qui lui font abandonner le génie maritime qu'il voulait choisir, pour le corps des mines.
Après un contact déterminant avec la recherche dans le laboratoire de son père à l'École des mines de Paris, il exerce de 1891 à 1893 le métier d'ingénieur ordinaire des mines dans le district minéralogique de Moulins, mais développe un petit laboratoire personnel dans son grenier, puis dans une pharmacie. En 1893, il rejoint Saint-Étienne et y enseigne à l'École des mines dont il devient directeur en 1907. Après la Première Guerre mondiale, il devient professeur de minéralogie à l'université de Strasbourg redevenue française et y dirige l'Institut des sciences géologiques.
Comme géologue, Friedel participa à l'étude des sources minérales de la région de Moulins et découvrit avec Pierre Termier une forme originale de granite écrasé, la mylonite. Son œuvre la plus marquante concerne l'étude des cristaux et se trouve rassemblée dans Les Groupements cristallins (1904) et les Études sur la loi de Bravais (1907). Il introduit le concept de densité réticulaire et contribue de façon essentielle à la théorie des macles, assemblages de plusieurs cristaux semblables mais orientés différemment. Ses Leçons de cristallographie (1926) sont un classique de la littérature scientifique. Ses travaux sur les cristaux liquides furent particulièrement novateurs ; il établit l'existence des phases smectiques et nématiques de cet étrange état de la matière et étudia les relations entre défauts macroscopiques et arrangements moléculaires. Il montra que les smectites étaient constitués de lamelles monomoléculaires.
Atteint d'emphysème, il prend sa retraite en 1930 et meurt le 11 décembre1933 à Strasbourg. Son fils Edmond (1895-1972) lui succéda comme professeur de géologie à Strasbourg ; son petit-fils Jacques (1923-), physicien du solide à l'université d'Orsay continuera la lignée de grands scientifiques issue de Charles Friedel.
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
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