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GUINGOUIN GEORGES (1913-2005)

« Extraordinaire entraîneur d'hommes que son exemple galvanise », « une des plus belles figures de la Résistance », ces mots de la citation le nommant chevalier de la Légion d'honneur, le 7 juillet 1945, puis sa désignation de Compagnon de la Libération par décret du 19 octobre 1945 ont témoigné du rayonnement de Georges Guingouin, « premier maquisard de France » dès 1941 et condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité le 21 janvier 1942. « Préfet du maquis » puis libérateur de Limoges, cet homme d'engagement total verra ses prises de position, entre 1940 et 1952, lui créer des ennemis de gauche à droite ; Jean Cassou put écrire de lui qu'il fut aussi un des résistants sur lequel « l'iniquité s'est étrangement acharnée ».

Né à Magnac-Laval (Haute-Vienne), le 2 février 1913, ce fils d'institutrice a perdu son père, sous-officier, dès août 1914. Élève de l'école normale de Limoges, il fait son service militaire à Paris, comme secrétaire d'état-major ; instituteur à Saint-Gilles-les-Forêts, il y est secrétaire de mairie. Blessé le 17 juin 1940, l'ex-responsable du « rayon » communiste d'Eymoutiers rejette les lois de Vichy et de l'occupant ; clandestin à partir d'avril 1941, « le fou des bois » vécut dans des abris de fortune d'où il diffusa de la propagande avant de prendre dans une mairie un premier stock de cartes d'alimentation le 1er octobre. Le dynamitage de botteleuses et de batteuses, en limitant les prélèvements pour le Reich, lui assure des complicités paysannes. Il continue à diriger des raids qui font de ce haut Limousin une zone interdite par le préfet en mars 1944, une « petite Russie ».

Après le débarquement, Guingouin récuse la stratégie de prise anticipée des villes, qu'il juge trop risquée pour les habitants ; il évite sans doute à Limoges le sort de Tulle. Confortées, le 26 juin, par le parachutage de 864 containers d'armes, ses troupes acceptent l'affrontement direct au mont Gargan (97 blessés et tués contre 342 ennemis hors de combat entre le 17 et le 24 juillet). Chef d'une brigade de F.F.I. (Forces françaises de l'intérieur) de 14 000 hommes dans laquelle étaient amalgamés neuf pelotons de gendarmerie, il obtient la reddition de la capitale limousine le 21 août et en est le premier maire, de 1945 à 1947.

En 1952, sa cellule communiste Maïa Chaintron est dissoute pour avoir critiqué le fait qu'on prive de toute responsabilité le commandant en chef des F.T.P. (Francs-tireurs et partisans) Charles Tillon ; exclu du Parti communiste (P.C.) pour « titisme, aventurisme et trotsko-hitlérisme », Georges Guingouin est alors attaqué pour sa participation à l'épuration. Accusé d'avoir fait du Limousin une « terre d'épouvante », il est incarcéré en décembre 1953, à propos d'une double affaire d'exécutions sommaires. Victime de sévices en prison puis brièvement placé en hôpital psychiatrique, il est défendu par maîtres Badinter et Dumas ; libéré en juin 1954, il n'obtient son non-lieu qu'en novembre 1959.

Replié dans l'Aube d'où sa femme est originaire, il y reprend, jusqu'en 1968, sa tâche d'instituteur, paraissant à Marc Ferro comme un Cincinnatus. Lieutenant-colonel honoraire, il a cependant à cœur de faire mémoire des résistants limousins. Affirmant leur rôle dans le ralentissement des troupes allemandes en marche vers le front de Normandie, il y voyait volontiers un élément capital de la victoire alliée dans l'été de 1944.

King's Medal for Courage, médaille de la Résistance avec rosette, Georges Guingouin affirmait avoir atteint l'âge de la sérénité et considérait comme une affaire intérieure du P.C. les excuses qui lui furent adressées par celui-ci en 1998. Mais il se réjouit que le[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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