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HAUPT GEORGES (1928-1978)

Georges Haupt est né dans une famille de la bourgeoisie juive d'Europe centrale, grâce à laquelle il a participé tout enfant à plusieurs cultures. Sa famille tout entière disparut dans les camps hitlériens. Son adolescence, il la passa à Auschwitz. À la libération, de retour dans sa Transylvanie devenue roumaine, il commença ses études supérieures puis entra à l'université de Leningrad où il soutint une thèse sur les rapports entre révolutionnaires russes et roumains dans la seconde moitié du xixe siècle. Déjà émergeait dans sa recherche le thème des échanges militants et intellectuels dans l'Europe centrale et orientale. Il développera cette orientation dans de nombreux articles de revues roumaines, puis françaises. De 1953 à 1958, en même temps qu'il enseignait à l'université de Bucarest et animait la revue Studii, il dirigea la section d'histoire moderne et contemporaine de l'Institut d'histoire de l'Académie des sciences. Formé au marxisme par quelques maîtres soviétiques qu'il admirait, il n'en était que plus sensible aux répressions staliniennes et aux menaces de carcan intellectuel dont le stalinisme était porteur.

C'est dans ces conditions qu'il quitta en 1958 Bucarest pour Paris, désireux désormais d'éclairer le mouvement et les idéologies socialistes par l'érudition la plus minutieuse et la problématique la plus ample. La confiance de Camille Huysmans lui ouvrit les archives du Bureau socialiste international, et sa connaissance des fonds d'archives de toute l'Europe lui permit de soutenir, dès 1962, sous la direction d'Ernest Labrousse, une thèse sur la IIe Internationale. La même année, il entra au comité de rédaction du Mouvement social, l'année suivante à celui des Cahiers du monde russe et soviétique. Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales à partir de 1969, directeur du Centre d'études sur l'U.R.S.S. et l'Europe orientale à partir de 1976, il enseigna en outre, épisodiquement, à Vincennes et, pendant plusieurs années, à la Fondation nationale des sciences politiques. Il avait acquis la nationalité française, mais ses recherches et son enseignement le conduisaient fréquemment aux États-Unis (notamment à l'université de Madison), en Grande-Bretagne, en Italie (il assurait un cycle de formation à la Fondation Lelio-et-Lisli-Basso), en Autriche et en Allemagne, au Canada et en Suisse, en Hongrie et en Bulgarie. La mort le frappa à l'aéroport de Rome, le 14 mars 1978, au moment où il rentrait à Paris. Il avait à peine cinquante ans.

Avec Georges Haupt disparaissait l'un des derniers représentants de l'intelligentsia internationale passionnée de socialisme. Cet historien avait, avec des militants comme Rosa Luxemburg, Christian Rakovsky ou Jaurès, qu'il admirait, plus d'un trait commun : ce qui les unissait, compte tenu d'évidentes différences, c'était une prodigieuse culture, la volonté de dégager du marxisme, par-delà les dogmatismes et les modes mutilantes, toutes ses dimensions critiques, et le ferme espoir que la classe ouvrière était porteuse d'une solution internationaliste aux nationalismes quotidiens.

Sa bibliographie, immense – une centaine d'articles, une dizaine de préfaces, une douzaine de livres, souvent traduits en plusieurs langues –, suggère ses principaux centres d'intérêt.

Chronologiquement, elle couvre toute l'histoire du socialisme, du milieu du xixe siècle à nos jours, l'accent le plus fort étant mis sur la IIe Internationale.

Géographiquement, c'est l'Europe entière qui est visée et, par ricochet, l'Asie plus ou moins colonisée avant la Première Guerre mondiale. Thématiquement, les institutions ne l'intéressaient pas moins que la sociologie des militants et leur personnalité, les idéologies[...]

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