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IZARD GEORGES (1903-1973)

Né à Abeilhan (Hérault), Georges Izard, ses études de droit terminées, s'inscrit au barreau de Paris en 1932. À cette époque, il fonde, avec Emmanuel Mounier, la revue Esprit, dont il assure la rédaction en chef.

Trois ans auparavant, il avait épousé Catherine Daniélou, sœur de celui qui allait devenir le cardinal Jean Daniélou, fille de Charles Daniélou, ancien ministre de la Marine marchande, dont il avait été le chef de cabinet en 1926. En 1933, il fonde, parallèlement à la revue Esprit, le mouvement de la Troisième Force.

Mounier se sépare alors de lui, d'une façon amiable d'abord, puis définitive, lorsque Izard se rallie, en 1934, au Front commun de Gaston Bergery et collabore au journal La Flèche. Le jeune avocat connaît alors une période extraordinairement active, dans une France où, face au péril hitlérien, les passions politiques se déchaînent.

Imprégné de la pensée de Péguy, il est l'un des trois signataires d'un essai sur La Pensée de Charles Péguy et bascule tout naturellement dans les voies du socialisme.

Investi par le parti de la Gauche indépendante (frontiste), il est élu, en 1936, député de la Meurthe-et-Moselle. En 1939, il fonde avec Viennot et Monnet Les Cahiers socialistes. Sous l'occupation, il choisit le camp de la résistance, milite au sein de l'Organisation civile et militaire (O.C.M.). Il en sera le secrétaire général de 1945 à 1948, après avoir siégé en 1944-1945 à l'Assemblée consultative. En 1949, il se voit confier la rédaction en chef de l'hebdomadaire Clartés. À l'échéance de son mandat parlementaire, sans abandonner l'action politique, il choisit pour s'exprimer le prétoire : 1949 sera l'année de son affaire la plus retentissante, l'affaire Kravtchenko. Attaqué par l'hebdomadaire Les Lettres françaises pour son livre J'ai choisi la liberté, dans lequel il décrivait les camps de concentration russes où il avait séjourné, Victor Kravtchenko, diplomate évadé de l'U.R.S.S., réfugié aux États-Unis, poursuivait en diffamation ce journal communiste. L'interminable procès qui s'ensuivit devait permettre à Georges Izard d'y révéler ses dons, dans une plaidoirie en défense du diplomate qui demeurera un modèle du genre. Cette affaire, à la suite de laquelle il fut couvert d'injures, aura une influence profonde sur son comportement ultérieur.

Il aura d'ailleurs l'occasion de reprendre le même combat en 1952, lors du procès de « l'Internationale des traîtres », où il assiste, cette fois, trois réfugiés politiques : un Bulgare, un Roumain, un Polonais, présentés comme traîtres à leur patrie dans un livre de Renaud de Jouvenel, intitulé L'Internationale des traîtres.

Son activité débordante ne l'empêche pas de se livrer à des études de réflexion : en 1967, il publie Lettre affligée au général de Gaulle, où il exprime sa déception envers l'homme d'État ; en 1969, il fait œuvre d'historien et d'érudit avec la biographie de sainte Catherine de Gênes.

Élu à l'Académie française en février 1971 au fauteuil de Henri Massis, dont il avait été l'un des plus ardents adversaires, il a la joie d'être accueilli sous la Coupole le 18 novembre 1971 par un discours de Pierre-Henri Simon, dont il était l'ami depuis leur rencontre à l'Université. C'est par cette investiture que Georges Izard, farouche ennemi de la publicité, allait se faire connaître du grand public. Avocat, journaliste polémiste, écrivain, celui qui avait toujours tenté de concilier la pensée et l'action laisse derrière lui une œuvre importante, dont Viol d'un mausolée (1957), inspiré par la déstalinisation et la répression des insurrections de Prague.

— Paul MORELLE

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