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ARNAUD GEORGES-JEAN (1928-2020)

Georges-Jean Arnaud - crédits : Louis Monier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Georges-Jean Arnaud

3 juillet 1928 à Saint-Gilles-du-Gard, Georges-Jean Arnaud est encore étudiant lorsqu'il écrit son premier manuscrit, Ne tirez pas sur l'inspecteur. Il l'adresse au secrétariat du Prix du Quai des Orfèvres et remporte le prix (1952). Pour le publier, il utilise le pseudonyme de Saint-Gilles,son village natal, car, à l'époque, un autre Georges Arnaud (de son vrai nom Henri Girard) connaît un franc succès avec Le Salaire de la peur. Surveillant de lycée, G.-J. Arnaud publie une dizaine de titres dans les années qui suivent. À partir de 1960, il se consacre entièrement à l'écriture et reprend son vrai nom (par la suite, il multipliera cependant à plaisir les pseudonymes). S'il est un romancier qui puisse mériter l'appellation de « populaire », c'est bien lui. Prolifique (quatre cents volumes publiés), il s'est essayé à tous les genres : policier, espionnage, aventures, fantastique, policier historique, angoisse, science-fiction, érotisme, et même, à partir des années 1990, ouvrages historiques sur Toulon (Port Galère) et sur ses ancêtres occitans (Les Oranges de la mer).

À ses débuts, l'influence de Georges Simenon est perceptible. Arnaud va s'en dégager rapidement pour construire une œuvre originale, au ton novateur. S'il juge lui-même ses premiers romans policiers « comme des constructions astucieuses avec des implications psychologiques et des situations pittoresques », à partir de 1965, les choses changent. Le regard qu'il porte sur la société française devient plus critique. Cette implication politique et sociale confère à l'œuvre sa force et son originalité. « Une œuvre d'humeur », précise le romancier. Il sait trousser avec punch le roman d'action (Ronde funèbre, Les Détrousseurs, Les Longs manteaux), mais adore surtout prendre pour personnages des individus ordinaires plongés involontairement dans des situations qui les dépassent. De ces confrontations naît inévitablement un suspense et une atmosphère angoissante qui est devenue une spécialité du romancier. Il a abordé des thèmes classiques comme le meurtre à l'assurance (Profil de mort), à l'héritage (La Tribu des vieux enfants), ou la recherche d'identité, avec une femme à double personnalité (Tel un fantôme), ou un homme face à son sosie (Les Imposteurs). Mais il est aussi l'un des premiers à écrire des polars écologiques pour dénoncer le nucléaire (L'Enfer du décor, Brûlez-les tous, La Dalle des maudits) ou les multinationales de la chimie (Plein la vue). Dans un autre registre, il est aussi à l'aise pour condamner le franquisme (Tatouages), le nazisme et l'antisémitisme (Ils sont revenus, Spoliation), la torture pendant la guerre d'Algérie (Basse besogne) que pour raconter la campagne occitane qui se meurt (Agonie) ou l'anthropophagie (Dossier Atrée). Son thème de prédilection, exploité de façons différentes dans plusieurs ouvrages, reste la maison. Détentrice d'un lourd secret, elle se révèle vite chausse-trape pour se refermer inexorablement sur l'imprudent qui a voulu mettre à jour ses secrets (Le Guet-apens, Tendres termites, La Maison piège, Le Veilleur). Parfois, cette maison peut devenir symbole métaphorique de la ville tout entière (L'Homme noir, Bunker parano). Le thème ultime d'Arnaud est celui de la fuite, mettant en scène des individus que les circonstances (toujours tenues secrètes jusqu'aux pages ultimes) obligent à déménager de ville en ville et à se cacher jusqu'à ce que leur passé vienne éclairer leurs motivations (Le Pacte, Maudit Blood, La Vie truquée).

Georges-Jean Arnaud a la réputation d'écrire un livre vite, généralement en une dizaine de jours. On pourrait croire que cette rapidité se traduit par des romans médiocres. Il n'en est rien. Peaufiner l'écriture ne l'intéresse pas. Ce qui compte[...]

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Georges-Jean Arnaud - crédits : Louis Monier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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