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KIEJMAN GEORGES (1932-2023)

Ministre de gauche et avocat de la bonne société

Proche depuis le début des années 1960 de Pierre Mendès France, qu’il présentait comme un « père de substitution, référence morale par excellence », et dont il fut un collaborateur dévoué jusqu’à sa mort en 1982, Georges Kiejman est une personnalité de gauche. Aussi, lorsque François Mitterrand, qu’il conseille à titre privé, lui propose d’entrer au gouvernement en 1990, il s’engage dans une brève carrière ministérielle. Entre octobre 1990 et mars 1993, il sera successivement ministre délégué auprès du garde des Sceaux, ministre délégué à la Communication auprès du ministre de la Culture et de la Communication, et ministre délégué aux Affaires étrangères auprès du ministre des Affaires étrangères. Toujours dans l’ombre d’un ministre de plein exercice, Georges Kiejman ne s’épanouit pas, de son propre aveu, dans ces fonctions. Il sera notamment meurtri par la polémique qu’il provoque en s’interrogeant publiquement, ce qu’il regrettera plus tard, sur l’utilité de juger l’ancien chef de la police de Vichy, René Bousquet.

Revenant à son métier d’avocat, Georges Kiejman plaide au cours des deux décennies suivantes dans de multiples grandes affaires et pour les clients les plus prestigieux. En 1996, il représente les héritiers de François Mitterrand dans le procès du docteur Gubler, accusé d’avoir violé le secret médical en révélant dans un livre que le Président était malade depuis sa prise de fonction en 1981. L’année suivante, il défend les intérêts de Mohamed Al Fayed après l’accident mortel de son fils et de Lady Diana à Paris. En 2002, il est l’avocat de la famille de Ghislaine Marchal à l’occasion de la tentative de révision du procès d’Omar Raddad, accusé du meurtre de cette dernière. Georges Kiejman représente la famille de Marie Trintignant décédée en 2003 sous les coups de Bertrand Cantat et assure la défense de Roman Polanski, arrêté en Suisse en 2009 à la demande des États-Unis dans le cadre d’une procédure pour viol sur mineur. En 2007, il obtient la relaxe de Charlie Hebdo accusé d’« injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion » par des organisations musulmanes dans l’affaire de la publication des caricatures de Mahomet en 2006. Il prépare le divorce par consentement mutuel de Nicolas et Cécilia Sarkozy, conseille Liliane Bettencourt dans le conflit l’opposant à sa fille, Françoise Bettencourt Meyers, et assure la défense de Jacques Chirac dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris en 2011.

En 2021, Georges Kiejman publie un livre de souvenirs intitulé LHomme qui voulait être aimé dans lequel celui que l’on présentait comme un dandy et un séducteur, qui a été marié trois fois, relate son bonheur « d’avoir vécu une vie magnifique ». Il est mort le 9 mai 2023 à Paris.

— Blaise MAGNIN

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Georges Kiejman - crédits : Laurent Maous/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Georges Kiejman