LABICA GEORGES (1930-2009)
Philosophe français. Né à Toulon, Georges Labica a consacré toute son œuvre à penser la nouveauté du marxisme et à le défendre contre sa dérive stalinienne. Après avoir soutenu sa thèse de doctorat de philosophie sur Le Statut marxiste de la philosophie (elle sera publiée en 1977), il enseigna la philosophie, d'abord comme maître-assistant puis comme professeur à Paris-X-Nanterre. Dans son œuvre comme dans sa vie, son principe premier fut une articulation rigoureuse entre théorie et pratique. C'est ainsi que, militant du P.C.F., il n'en soutint pas moins le F.L.N. au cours de la guerre d'Algérie. Et quelques-uns de ses premiers essais s'intéresseront, entre 1966 et 1969, à des philosophes arabes qui ont cherché à élaborer une rationalité émancipée du religieux. Mais l'essentiel de son travail va porter sur l'exploration de la pensée du communisme telle qu'elle se donne à lire par exemple dans Karl Marx : les thèses sur Feuerbach (1987). Georges Labica affirme son souci de ne pas enfermer le discours philosophique dans une illusoire autonomie mais au contraire de l'ouvrir sur les contradictions du monde et de l'Histoire. Cette formulation d'un marxisme repensé à partir de son origine – ce qui le rend proche, en cela, de Louis Althusser – trouve un point d'orgue dans le Dictionnaire critique du marxisme qu'il mène à bien avec Gérard Bensussan (1981). Réunissant une centaine de collaborateurs, cet ouvrage permet une nouvelle formulation des concepts clés du marxisme ; il est aussi le moyen de revenir à des œuvres et à des noms que le dogme stalinien avait proprement réduits à néant. Par la suite, l'effondrement de l'empire soviétique, bien loin de permettre de penser à nouveaux frais ce qu'était le marxisme, rendit plus difficile l'expression d'une philosophie qui ne se réclamait ni du libéralisme ni de la social-démocratie. Courageusement, Georges Labica n'en continua pas moins de donner parole à sa vérité, à travers des essais (Robespierre, une politique de la philosophie, 1990 ; Démocratie et révolution, 2002 ; Théorie de la révolution, 2007) et des colloques (Les Nouveaux Espaces politiques, 1995 ; avec Jacques Bidet, Libéralisme et État de droit, 1993), nombre d'entre eux étant organisés par le Centre de philosophie politique, économique et sociale du C.N.R.S., dont il fut l'instigateur.
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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