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MANDEL GEORGES (1885-1944)

Plus que par sa pensée ou ses fonctions politiques, Georges Mandel marque l'entre-deux-guerres par sa personnalité : brillant, lucide, influent, courageux, énergique, combatif, paradoxal, orgueilleux... il n'obtint jamais les postes auxquels ses qualités et sa réputation auraient pourtant dû le conduire. Il conserve encore une notoriété sans rapport avec sa carrière.

Issu d'une modeste famille juive parisienne, Louis Georges Rothschild, après avoir pris le nom de sa mère, Mandel, débute à dix-sept ans par le journalisme, mais ce n'est pour lui qu’un tremplin vers la seule chose qui l'intéresse, vers ce qu'il appelle ce « métier dangereux » : homme politique. À L'Aurore, où il entre en 1906, il trouve son « patron » en Georges Clemenceau, dont il devient le collaborateur fidèle, le suivant à la présidence du Conseil comme chef de cabinet entre 1917 et 1919. Auprès du « Tigre », il forge pour toujours ses convictions politiques, plus nationales que sociales : pour un État vigoureux, une République forte, une France puissante. Élu député de centre-droit en Gironde, à Lesparre, en novembre 1919 (il le restera jusqu'en 1940, sauf entre 1924 et 1928), puis président du Conseil général, il s'impose comme un homme politique de premier plan par son influence et ses réseaux. Mais il suscite également des haines puissantes, nourries, certes, par l'antisémitisme mais aussi par sa parole tranchante, intransigeante et souvent cruelle, par ses convictions tenaces et par son indépendance qui refuse l'affiliation partisane. La légende veut qu'il sache tout, qu'il connaisse tout, qu'il ne répugne à aucun procédé de police pour s'informer ; il fait beaucoup trembler, car il joue de la révélation ou de la menace avec une grande habileté. Il privilégie toujours la fin par rapport aux moyens, quitte à écorner quelques vérités ou quelques principes.

Lorsqu'en novembre 1934 enfin, à près de cinquante ans, il accède à son premier poste de ministre dans le gouvernement Flandin, il crée la surprise par la modestie du portefeuille qu'il aurait choisi : les P.T.T. Il le conservera dans les cabinets Bouisson, Laval et Sarraut. Le directeur de Je suis partout, Pierre Gaxotte, ironise : « Machiavel a été nommé facteur ». Pourtant, ce ministère de second ordre dans la hiérarchie politique est aussi l'un des secteurs les plus importants de l'administration, en raison de son budget et du nombre de ses fonctionnaires. Mandel tient enfin l'opportunité de démontrer son efficacité, et ne manque pas une occasion de le faire savoir. La presse se nourrit d'anecdotes à son sujet qui témoignent, non sans démagogie, de sa volonté de mettre le service public des postes au service des usagers et non des ronds-de-cuir. Il s'oppose assez violemment aux syndicats qui, selon lui, gouvernent le ministère et limite leurs prérogatives. Pour lui, l'efficacité prime, fût-ce au mépris des règles administratives ou des usages ; aussi obtient-il des résultats. Les postes fonctionnent mieux, le téléphone se développe. En matière de radiodiffusion, dont le ministre des P.T.T. a la tutelle, son œuvre est importante. Il accélère la construction du réseau des émetteurs, alors si insuffisant que la réception des stations est souvent d'une qualité exécrable. Il interdit la publicité sur les ondes radiophoniques publiques qui, depuis les origines aux débuts des années 1920, la toléraient sans qu'elle ait jamais été autorisée. Il favorise les recherches en matière de télévision, en particulier par un contrat passé avec la Compagnie des compteurs de Montrouge et son ingénieur René Barthélemy, qui permet la construction d'un studio et d'un émetteur sur la tour Eiffel. Des émissions régulières, inaugurées en avril 1935 par la comédienne Béatrice Bretty, sa compagne, sont désormais programmées.[...]

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Écrit par

  • : chercheuse au centre de sociologie de l'innovation de l'École des mines de Paris

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