MOUSTAKI GEORGES (1934-2013)
Chanteur de langue française s'il en est, l'auteur-compositeur d'origine grecque Georges Moustaki a écrit de nombreuses chansons inspirées de ses racines méditerranéennes et de ses voyages à travers le monde. Dans Petit Abécédaire d'un amoureux de la chanson française (2012), cet homme, épris de liberté et d'indolence, se présentait ainsi : « Il est gentil, il est tendre, un peu trop nonchalant, il prend le temps de vivre, il est exotique, charmant, souvent avec de belles filles... C'est un démocrate, un homme de gauche, mais non violent... ses chansons sont engagées, un peu écolo, sa porte est toujours ouverte, pourtant il semble souvent seul. »
Né à Alexandrie, en Égypte, le 3 mai 1934, Giuseppe, pour ses parents, ou Youssef, pour l'état civil, ou encore Jo, pour ses amis, est le fils de Sarah et Nessim Mustacchi, des Juifs grecs originaires de Corfou. Bien qu'à la maison on parle l'italien et dans la rue l'arabe, c'est le français, appris à l'école, qui va devenir sa langue de prédilection. Son père tient La Cité du livre, une des plus importantes librairies du Moyen-Orient. Giuseppe grandit dans un environnement cosmopolite, entouré de livres, pour la plupart en français, langue de culture par excellence dans cette partie du monde. À dix-sept ans, il s'installe à Paris où son beau-frère est également libraire. Dans le Paris des années 1950 où règne l'esprit de Saint-Germain-des-Prés, de nouveaux chanteurs, dits « à texte », se produisent dans les cabarets et les petits théâtres. C'est ainsi qu'aux Trois Baudets Giuseppe assiste au tour de chant du débutant Georges Brassens, dont il fait la connaissance. La rencontre est si marquante pour le jeune homme que par la suite, quand il deviendra chanteur, il changera son prénom en Georges.
En attendant, il gagne sa vie comme barman, fait du porte-à-porte pour vendre des livres de poésie, écrit des chroniques pour un journal égyptien. Parallèlement, il apprend la guitare, commence à composer et à écrire des chansons et fait ses premières armes dans les cabarets parisiens. En 1958, il rencontre, par l'intermédiaire du guitariste Henri Crolla, la chanteuse Édith Piaf alors âgée de quarante-deux ans et au faîte de sa gloire. Pendant un an, les deux artistes entretiennent une liaison passionnée qui, malgré les orages, se révélera très formatrice pour le jeune homme. Toujours en quête de nouveaux auteurs, Édith Piaf lui commande plusieurs chansons. Pour elle, il écrit notamment « Milord », mis en musique par Marguerite Monnot, qui devient un succès international. Au côté de la chanteuse, Moustaki, comme il se nomme à présent, connaît un début de notoriété.
Toutefois, cette vie publique ne lui plaît guère et après sa séparation d'avec Piaf, il préfère se mettre en retrait. Grâce à ses droits d'auteur, libéré du besoin de « courir le cachet », Moustaki voyage, s'initie à la peinture et approfondit sa connaissance de la musique. À partir de 1961, il s'installe sur l'île Saint-Louis à Paris, qui restera son port d'attache jusqu'à sa mort. L'échec de son album Les Orteils au soleil, sorti la même année le convainc de continuer à écrire pour les autres : Colette Renard, Yves Montand, Juliette Gréco, Cora Vaucaire... En 1966, il est présenté au comédien Serge Reggiani, alors à la recherche d'un répertoire original à interpréter. Habitué à travailler sur commande, Moustaki lui écrit « Sarah », une chanson d'amour pour une femme mûre. Reconnaissant en Serge Reggiani un alter ego, il lui confie également des titres comme « Ma Solitude » ou « Ma Liberté ». Le succès est au rendez-vous et contribue à faire reconnaître les talents d'auteur-compositeur de Moustaki. Au même moment, il apparaît sur scène pour chanter en duo avec son amie [...]
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Écrit par
- Jean-Dominique BRIERRE : auteur
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