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PAPADOPOULOS GEORGES (1919-1999)

Georges Papadopoulos, qui symbolisa la rudesse et l'obscurantisme de la dictature des colonels en Grèce, est mort le 27 juin 1999 à Athènes.

Né le 5 mai 1919 dans le village d'Héliochorion, dans le Péloponnèse occidental, il entre à l'Académie militaire d'Athènes à la fin des années 1930. Lors du déclenchement de la guerre gréco-italienne en octobre 1940, il sert sur le front d'Albanie en qualité de sous-lieutenant d'artillerie. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est officier dans les « Bataillons de sécurité », milice mise en place par le gouvernement grec collaborateur. Ces supplétifs des Allemands se battront farouchement contre les partisans en 1944, en particulier dans le Péloponnèse, vieux fief royaliste. À la libération, il rejoint l'armée royale soutenue par les Britanniques puis, après 1947, par les Américains. Cette année-là, il est nommé capitaine, et participe aux combats contre « l'Armée démocratique » du Parti communiste de Grèce et ce jusqu'en 1949.

En 1952, la Grèce intègre l'OTAN et Georges Papadopoulos est nommé officier de liaison entre la KYP (Service de sécurité de l'État) et la CIA. Après avoir été major de la sécurité militaire à Athènes en 1954, il atteint en 1960 le grade de colonel. Commandant d'un régiment en 1964, il organise un faux acte de sabotage pour faire la chasse aux appelés de gauche ; il torture personnellement le soldat Matakis, soupçonné d'être communiste. Alors que les partis de gauche s'apprêtent à remporter les élections prévues pour le 28 mai 1967, des rumeurs de coup d'État circulent dans Athènes. Tout le monde s'attend à ce que le jeune roi Constantin et les généraux organisent un putsch au début de mai. Un trio de colonels quasi analphabètes, liés à la CIA et sans doute aux fameux réseaux Gladio des services de renseignements militaires américains en Europe de l'Ouest, prend tout le monde de vitesse et instaure une dictature le 21 avril 1967. Stylianos Pattakos, Nikolaos Makarézos et Georges Papadopoulos renversent le gouvernement de centre droit de Panagiotis Kanellopoulos.

La Grèce retourne aux sombres années de la guerre civile de 1946-1947. Une dizaine d'opposants sont tués, une centaine privés de leur nationalité, et des milliers déportés dans des bagnes insulaires. Papadopoulos est ministre de la Présidence, l'équivalent de vice-Premier ministre, du 21 avril au 13 décembre 1967. Ce jour-là, le contre-coup d'État du roi et des généraux échoue lamentablement et Constantin est contraint à l'exil. Papadopoulos devient Premier ministre, cumulant les postes de ministre de la Présidence et de la Défense, jusqu'en juin 1968. Il abandonne alors pour un an le ministère de la Présidence. De juin 1969 à juillet 1970, il cumule les postes de Premier ministre et les portefeuilles de la Défense et de l'Éducation. Dans un sabir de grec moderne et byzantin, il prône la défense de l'idéal grec-national-orthodoxe. Il interdit Aristophane, Eschyle, Euripide, Sophocle, Balzac, Camus, Dostoïevski, Sartre, Tolstoï, la musique pop et les cheveux longs.

En juillet 1970, grisé par sa mégalomanie, il échange le ministère de l'Éducation contre celui des Affaires étrangères. Il commet alors l'erreur de penser qu'il peut s'affranchir de ses parrains américains. Il mène une politique résolument pro-arabe tout en participant à la déstabilisation de la démocratie italienne. En mars 1972, il se proclame régent. Mais, en mai 1973, après l'échec de la révolte de la marine militaire grecque soutenue par des royalistes, Papadopoulos abroge la royauté, se proclame président de la République tout en restant Premier ministre. Il accorde une amnistie quasi générale et met en place un gouvernement civil fantoche.

En novembre 1973, la révolte des[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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