POMPIDOU GEORGES (1911-1974)
Les aléas d'un couple exécutif
L'harmonie entre les deux hommes, réelle dans un premier temps, repose sur une division du travail bien rodée : au président, la politique étrangère et le prestige mondial de la France ; au Premier ministre, « l'intendance », c'est-à-dire les affaires économiques et sociales. La politique intérieure conçue à Matignon est ainsi subordonnée aux objectifs d'indépendance et de puissance nationales fixés par le président : politique industrielle active, aménagement du territoire avec la création de la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), relance du bâtiment avec la construction de nombreux logements, agrandissement des infrastructures scolaires. Le général se réserve cependant le droit d'infléchir les choix de Matignon, quand il impose le plan « libéral » Pinay-Rueff de lutte contre l'inflation.
La reconduction de Pompidou à son poste lors du second mandat du général le place dorénavant en position de dauphin. Le nouveau poids politique acquis par le Premier ministre introduit un déséquilibre à la tête du couple exécutif, et les premières tensions voient rapidement le jour. De Gaulle songe déjà à le remplacer après les élections législatives de 1966, mais c'est l'épisode de Mai-68 qui aura définitivement raison de l'alliance entre les deux hommes. En l'absence du général, disparu sans prévenir Matignon, Pompidou assume la direction des affaires, fait rouvrir la Sorbonne et conclut les accords de Grenelle avec les syndicats. Mesurant le désarroi des provinces face à la révolte étudiante et au mouvement ouvrier, il impose la dissolution de l'Assemblée nationale contre l'hypothèse d'un référendum envisagée par de Gaulle. Le président, contraint de suivre la sortie de crise indiquée par son Premier ministre, ne le lui pardonnera pas, d'autant que les élections de juin 1968 confirment les vues de ce dernier. La nouvelle formation gaulliste, l'Union des démocrates pour la République (UDR), remporte une victoire triomphale et Pompidou lui-même est élu dans le Cantal. La popularité grandissante du Premier ministre commence à faire de l'ombre au président. Le 10 juillet 1968, Pompidou est placé en « réserve de la République » et remplacé par Maurice Couve de Murville. Cette disgrâce ne le prive pas d'un grand poids politique dans la majorité et dans l'opinion, et il ne fait dorénavant pas mystère de ses aspirations à une « destinée nationale ».
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Arnault SKORNICKI : maître de conférences en science politique, université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
Classification
Médias
Autres références
-
ALGÉRIE
- Écrit par Charles-Robert AGERON , Encyclopædia Universalis , Sid-Ahmed SOUIAH , Benjamin STORA et Pierre VERMEREN
- 41 835 mots
- 25 médias
...politique d'autodétermination en Algérie donne à de Gaulle une large majorité, y compris en Algérie, où seules les grandes villes ont voté contre. Au nom du gouvernement français, Georges Pompidou peut alors entamer discrètement, en Suisse, des pourparlers avec le FLN. Au lendemain de la rencontre... -
BALLADUR ÉDOUARD (1929- )
- Écrit par Bruno DIVE et Encyclopædia Universalis
- 1 396 mots
- 2 médias
Homme politique français, Premier ministre de 1993 à 1995.
Édouard Balladur est né à Smyrne, aujourd’hui Izmir, le 2 mai 1929. Voici trois siècles que sa famille de riches négociants s'est installée auprès de la Sublime Porte. Mais il ne gardera que de lointains souvenirs d'enfance de la Turquie. Il...
-
CENTRE NATIONAL D'ART & DE CULTURE GEORGES-POMPIDOU
- Écrit par Bernadette DUFRÊNE
- 2 385 mots
- 1 média
Inauguré en 1977 à Paris, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (C.N.A.C.-G.-P.), dit Centre Georges-Pompidou – à l'origine établissement public du Centre Beaubourg, selon le décret du 31 décembre 1971 –, a été créé par la loi du 3 janvier 1975 pour favoriser « la...
-
CHIRAC JACQUES (1932-2019)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Christian SAUVAGE
- 2 004 mots
- 5 médias
Entré en 1959 à la Cour des comptes, il s'intéresse très vite à la politique et rejointle cabinet de Georges Pompidou, alors Premier ministre, dès 1962. Son efficacité le fait remarquer par le Premier ministre qui l'appelle « mon bull-dozer ». Conseiller référendaire à la Cour des comptes en 1965,... - Afficher les 15 références