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ROUSSE GEORGES (1947- )

Né en 1947 à Paris, Georges Rousse est à l'origine d'une approche artistique très personnelle où se croisent l'architecture, la peinture, la sculpture, l'installation, le graphisme et la photographie. Après une année passée en faculté de médecine, il est tout d'abord photographe d'architecture à Nice, avant de s'installer en 1976 à Paris où il travaille dans un laboratoire. Au début des années 1980, il commence à investir des bâtiments désaffectés voués à la destruction et qu'il peuple de figures humaines peintes sur les murs. L'œuvre est une photographie qui garde la trace de ses interventions plastiques. Impressionné par l'architecture, la lumière et la poésie de ces lieux vides – friches industrielles, hangars, abattoirs, caves... –, l'artiste inscrit ensuite dans l'espace des figures géométriques, des mots, des plans ou des cartes topographiques, qu'il peint directement sur les murs, le sol, le plafond et sur toute surface se trouvant dans la perspective choisie, afin de respecter le principe d'anamorphose. Ultime étape, la prise de vue photographique vient figer ensuite ce point de vue unique qui réalise la synthèse de la lumière, de la couleur et du motif, offrant la seule perspective dans laquelle ses étranges sculptures immatérielles se révèlent : un cercle, un damier, une mosaïque, une croix ou une toute autre construction utopique qui semblent flotter dans l'air. « Je réordonne le monde visible en un espace inédit et imprévu. »

L'abbaye de Fontevreau (1985), la maison de Fernand Léger à Argentan (1997), les ruines de Kôbe (1995) ou de Séoul (2000), une place publique au Népal (2005), les anciens entrepôts de tabac de Durham (États-Unis, 2006), une H.L.M. du Blanc-Mesnil (2006), les Grands Moulins de Paris (2006), une usine désaffectée de Vitry (2007) ou un ancien temple de Harlem (2007)... Répondant à de nombreuses commandes, cet artiste globe-trotter ne cesse de se rendre au chevet des bâtiments menacés de destruction un peu partout dans le monde. S'emparant de chaque lieu comme s'il s'agissait d'un nouvel atelier, il n'hésite pas parfois à construire ou déconstruire l'espace, voire à y introduire des structures enflammées. Les mots – LIGHT, PAIX, RÊVE, RÉEL, VIRTUEL... – qui tatouent régulièrement les espaces qu'il transforme, soulignent la dimension méditative de ces images conçues par l'artiste avec une qualité d'intention proche de celle qui règle la création d'un jardin zen, proche aussi de l'expérience physique et spirituelle vécue au Népal par ce grand marcheur. « Ce travail est pour moi une occasion de modifier le réel une dernière fois et de conserver une mémoire de ces architectures en perdition. Je suis touché par ce moment éphémère durant lequel un bâtiment a perdu toute fonctionnalité juste avant de disparaître. Il n'existe plus ensuite que par la photographie, ce renouveau d'un espace déclaré mort. Je souhaite que l'on puisse percevoir la spiritualité du lieu passant par la lumière qui le traverse. L'image est alors comme une épiphanie », précise le plasticien qui déclare aussi vouloir « introduire une perspective » comme le faisaient les artistes de la Renaissance.

Pensionnaire de la Villa Médicis à Rome (1985, 1987), lauréat du prix I.C.P. (International Center of Photography, New York, 1988) et du grand prix national de la photographie (1993), Georges Rousse succède à Sol Lewitt comme membre associé de l'Académie royale de Belgique en 2008. La même année, sa monographie Tour d'un monde (1981-2008) paraît chez Actes sud, tandis que sa galerie R.X. et la Maison européenne de la photographie lui consacrent deux expositions à Paris.

— Armelle CANITROT

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  • PHOTOGRAPHIE (art) - Un art multiple

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    • 20 médias
    ...photographies extraites de la presse à des injonctions aux allures de slogans publicitaires. L'artiste le plus représentatif de la photographie plasticienne reste Georges Rousse qui rend à l'objectif un rôle essentiel : placé au « point de vue de Rousse », l'appareil photographique ramène un décor peint par l'artiste...