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FORD GERALD RUDOLPH (1913-2006)

Gerald Ford - crédits : VCG Wilson/ Corbis/ Getty Images

Gerald Ford

C'est par accident que Gerald R. Ford est devenu, en 1974, le trente-huitième président des États-Unis : rien ne laissait en effet prévoir que, triomphalement réélu en novembre 1972, Richard Nixon serait contraint à la démission, le 9 août de cette année-là, par le scandale du Watergate. C'est ainsi que se retrouveront à la Maison-Blanche, pour la première fois dans l'histoire du pays, un président et un vice-président (Nelson Rockefeller) non pas élus par le peuple américain mais désignés par le Congrès.

Gerald Rudolph Ford est né le 14 juillet 1913 à Omaha (Nebraska). En tant que président, il s'est acquis une réputation de maladresse, voire de bêtise, que l'un de ses devanciers, le démocrate Lyndon Johnson, qui savait trouver des formules cinglantes, résumait en disant que cet ancien champion de football américain avait trop pratiqué son sport favori sans casque ! C'était aller un peu loin car, somme toute, Gerald Ford est diplômé d'une excellente université américaine (University of Michigan) et est sorti dans un bon rang de la meilleure école de droit américaine (Yale University Law School). À vrai dire, ce qui caractérise avant tout le jeune avocat, qui s'installe à Grand Rapids dans le Michigan et va bientôt entamer une longue carrière politique, c'est le conservatisme. On peut en effet le constater en analysant l'ensemble de ses votes au Congrès depuis le moment de son élection en tant que républicain à la Chambre des représentants (novembre 1948) jusqu'à son accession à la vice-présidence, en remplacement de Spiro Agnew, lui aussi obligé de démissionner à la suite d'un scandale financier (octobre 1973). Il était en effet très sceptique quant à l'efficacité de l'intervention étatique et s'opposa bien souvent aux propositions « libérales » : aide à l'éducation, aide aux minorités, assistance médicale. Il eut des positions modérées en matière de droits civiques, mais fut en toutes circonstances en faveur de l'intervention américaine au Vietnam. Son désir de ne point trop accroître le budget de l'État n'allait pas jusqu'à vouloir réduire les crédits de défense nationale : membre de la puissante sous-commission des attributions de crédit pour la défense, Gerald Ford soutint constamment toutes les demandes du Pentagone. Président du groupe républicain, à la Chambre, de 1965 à 1973, il fut un partisan loyal et permanent du président Nixon.

Lorsqu'il devint président, Ford affirma que son conservatisme ne faisait que refléter celui de sa circonscription électorale et que son comportement présidentiel serait différent. À dire vrai, Grand Rapids se montra plus éclectique, puisque cette circonscription avait voté pour Lyndon Johnson et contre Barry Goldwater à l'élection présidentielle de 1964 et allait donner un successeur démocrate et libéral à celui qu'elle avait élu et réélu pendant vingt-six ans. Parallèlement, d'ailleurs, le trente-huitième président fut aussi conservateur sur le plan national qu'il l'avait été à la Chambre des représentants. Les résultats de son gouvernement furent mitigés : l'inflation ne fut – relativement – jugulée qu'au prix d'une forte aggravation du chômage ; les derniers soubresauts de la guerre du Vietnam s'accompagnèrent d'accusations exagérées contre le Congrès ; la grâce accordée à l'ex-président Nixon sembla bien rapide et indulgente, d'autant plus que Ford venait de fixer des conditions rigoureuses à l'amnistie en faveur des insoumis de la guerre du Vietnam. Sur bien d'autres points encore – l'énergie, l'Angola, son entourage – le président Ford fut loin d'emporter l'adhésion d'une majorité de ses concitoyens. En revanche, il réussit à redonner à une présidence dont le lustre[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques

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Gerald Ford - crédits : VCG Wilson/ Corbis/ Getty Images

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