Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BLANCHARD GÉRARD (1927-1998)

Gérard Blanchard a consacré une grande partie de sa vie à la typographie, au graphisme, à l'histoire de la lettre et à l'enseignement de ces disciplines. Né en 1927 dans le Forez, typographe de formation, graphiste, graveur, écrivain, illustrateur (il obtint à ce titre le prix Blumenthal en 1954), il a également présidé pendant de longues années les Rencontres internationales de Lure (à Lurs-en-Provence, près de Forcalquier), association fondée en 1952 par Maximilien Vox, typographe, journaliste et éditeur, avec le soutien de l'écrivain Jean Giono.

Cette association, qui rassemble aujourd'hui plus de cinq cents membres, qu'ils soient typographes, graphistes, imprimeurs, calligraphes, enseignants, journalistes, constitue un point de rencontre essentiel pour débattre de l'avenir des métiers de l'écrit, de l'imprimerie et de la typographie en particulier. Elle organise chaque année une session thématique d'une semaine durant l'été où interviennent de nombreux spécialistes venus du monde entier. C'est au côté de René Ponot, lui-même historien de la typographie, auquel il doit son initiation à l'histoire de la lettre, que Gérard Blanchard fait sa première intervention à Lurs lors de la session de l'été de 1959. La même année, tous deux entrent au comité des Rencontres de Lure. En 1971, après avoir organisé plusieurs sessions, Gérard Blanchard est nommé président des Rencontres et succède à ce poste à Maximilien Vox jusqu'en 1973. De nouveau président de 1980 à 1985, il est nommé chancelier en 1986.

Parallèlement à ses activités lursiennes, Gérard Blanchard se consacre au graphisme, à la création de caractères (fonderie Olive à Paris où il travaille avec Roger Excoffon), à la direction artistique (Club Méditerranée, Ère nouvelle, éditions Grasset, Décorelief). Après avoir collaboré quelque temps avec Albert Hollenstein, un autre graphiste de talent passionné de typographie, il se lance dans l'enseignement (École supérieure d'arts graphiques, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, de Paris-XIII, école des Beaux-Arts de Besançon où il crée et dirige pendant une dizaine d'années le département communication). Sous la direction de Roland Barthes et de Christian Metz, il prépare à l'École pratique des hautes études une thèse de doctorat qu'il soutiendra en 1980 et qui avait été publiée dès 1979 par les Cahiers de Lure : Pour une sémiologie de la typographie. En 1993, il est nommé docteur honoris causa ès arts de l'université Laval de Québec.

Auteur de nombreux articles et études parus entre autres dans Caractère Noël, Techniques graphiques, Courrier graphique, Art & Métiers du Livre, Communication et langages dont il fut pendant vingt-cinq ans membre du comité de rédaction, il signa également plusieurs ouvrages qui témoignent de la diversité de ses centres d'intérêt : citons La Bande dessinée (Marabout, 1969), Pour une sémiologie de la typographie (dont il existe des versions enrichies en italien et en espagnol), Images de la musique au cinéma (Édilig, 1984), et en 1998, aux éditions Atelier Perrousseaux, Aide au choix de la typo-graphie, somme de ses connaissances typographiques.

Chercheur infatigable, il a su capter les signes de son époque, anticiper ses mutations graphiques et visuelles, transmettre ses connaissances à plusieurs générations et faire partager ses enthousiasmes. Combattant les idées reçues et les archaïsmes, il a ouvert l'accès de la typographie à l'université et, par ses travaux, il a sublimé un métier ancestral au rang des sciences humaines.

— Pascal FULACHER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : journaliste, chargé de cours à l'École supérieure Estienne

Classification