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GÉRARD DE SAINT-JEAN, néerl. GEERTGEN TOT SINT JANS (1460-1465 env.-env. 1490-1495)

Le principal « primitif » néerlandais du xve siècle, à la fois par une célébrité dont témoigne Van Mander qui admirait fort ce peintre génial mort à vingt-huit ans et par la qualité de son art tendre et chargé d'émotions aux couleurs raffinées ; art d'une plasticité forte mais apaisée, et d'une silencieuse discrétion déja toute néerlandaise. Très probablement né à Leyde, il se forma chez Ouwater à Haarlem et fut toujours actif dans cette ville, jadis aussi importante sinon plus qu'Amsterdam. Son nom signifie le « petit Gérard qui habite à Saint-Jean », c'est-à-dire chez les Johannites de Haarlem, et c'est pourquoi son œuvre la plus connue, aujourd'hui à Vienne, représente la Déploration du Christ et l'Incinération des restes de saint Jean-Baptiste, volets que Van Mander disait appartenir à l'église Saint-Jean de Haarlem. Autour de ces grands panneaux caractéristiques par leur polychromie très délicate et retenue et par l'attitude sculpturale et raide des figures (on notera encore dans les compositions un rare sens du paysage dans les lointains, venu peut-être de Bouts et de Van der Goes) on a pu regrouper assez facilement tout un œuvre peint qui fait de Gérard de Saint-Jean le peintre le plus connu et le plus accessible du xve siècle néerlandais, si l'on excepte Jérôme Bosch. Personnalité évidemment très forte, Gérard de Saint-Jean, en dépit de la très courte durée de son activité de peintre indépendant — à peine une dizaine d'années —, a, de toute évidence, exercé une grande influence sur les peintres néerlandais de la fin du xve siècle comme le Maître de la Vierge entre les vierges, Jan Mostaert, le Maître du diptyque de Brunswick, le Maître des panneaux de Saint-Jean, tous peintres remarquables pour leurs harmonies de bruns, de roses et de gris, leur placidité et une sorte de charmante simplicité humaine qui constituent l'héritage direct du jeune maître harlémois : grâce à lui, la peinture néerlandaise, qui débutait alors, put faire entendre un chant relativement nouveau, fait de modération et de distance, face aux éclatantes et innombrables réussites des artistes flamands, beaucoup plus nombreux et mieux organisés ; et cette notion — aujourd'hui reconnue comme capitale — d'une peinture primitive néerlandaise autonome, partiellement échappée à la tutelle du Sud, n'est qu'une conquête assez récente mais très significative de l'histoire de l'art.

— Jacques FOUCART

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Écrit par

  • : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre

Classification

Autres références

  • NÉERLANDAISE ET FLAMANDE PEINTURE

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    • 10 188 mots
    • 18 médias
    ...villes des Pays-Bas du Sud, et dont le génie s'est développé grâce à, ou malgré, un certain provincialisme, occupent une place particulière : surtout Geertgen tot Sint Jans (Gérard de Saint-Jean) et Jérôme Bosch. Le premier était frère lai à Haarlem. On a dit que ses œuvres étaient typiquement nord-néerlandaises,...