FROMANGER GÉRARD (1939-2021)
Gérard Fromanger est né le 6 septembre 1939 à Pontchartrain (Yvelines). Ayant suivi trois ans d'études à l'académie de la Grande Chaumière, puis pendant deux ans les cours du soir de la Ville de Paris, il a rencontré très tôt le sculpteur César, qui l'aida, et Alberto Giacometti, qui a exercé une influence sur ses premiers tableaux, où des blancs et noirs, tremblés, tentaient de restituer l'aura et l'émotion du corps féminin dans l'espace. Fromanger n'a cessé, ensuite, de retenir l'attention par une incessante remise en question du tableau, thème de sa première exposition personnelle en 1966. Entre 1966 et 1986, il a réservé, au rythme d'une fois tous les deux ans, la surprise de nouveaux agencements formels et chromatiques. La recherche provocante d'un tableau qui « effacerait » tous les tableaux préexistants l'a conduit à prendre une position avancée dans le débat intellectuel sous-jacent à l'histoire et aux crises de l'art moderne. Des philosophes comme Michel Foucault, Gilles Deleuze et Félix Guattari ou encore Marc Le Bot ont commenté et analysé quelques-unes des séries très distinctes dont son œuvre est constituée. Fromanger établit en effet pour chacune de ses séries un ensemble nouveau de règles formelles, en fonction du nouveau thème abordé : le Rouge (1969), Boulevard des Italiens (1971), Le Peintre et le Modèle (1973), Le désir est partout (1975), Questions (1977), Tout est allumé (série exposée au Centre Georges-Pompidou, à Paris, en 1980), Allegro (1983), Chimères (1985) et Cythère, ville nouvelle (1986). Tenant compte des apports de la peinture abstraite, l'essentiel de son travail pictural a consisté à redonner vie nouvelle à l'image du monde, et il l'a prolongé en réalisant des films. D'une série à l'autre, la volonté de souder couleur, structure, sujet, idée et pouvoir d'énonciation devient toujours plus manifeste, avec le dynamisme, la gaieté et l'esprit de révolte qui lui ont fait procéder à une « requalification du monde ».
Cela l'a incité, en mai-juin 1968, à participer à l'invention collective des affiches de l'« atelier populaire des Beaux-Arts » et à exposer dans la rue des sculptures en matière plastique réalisées dans une usine en grève active : les Souffles, neuf sculptures qui furent détruites par la police. Il a ainsi réconcilié création esthétique et conscience politique et cherché à imposer l'idée que les recherches les plus formelles sont liées aux mouvements souterrains de la société. En 1977, il a participé à l'exposition Guillotine et peinture : Topino-Lebrun et ses amis organisée par Alain Jouffroy au Centre Georges-Pompidou, où il a entrepris une relecture contemporaine du grand tableau de cet élève de David, La Mort de Caïus Gracchus. Mais il a relativisé du même coup son engagement politique à l'égard des institutions culturelles. Dominant les vieilles contradictions entre art moderne et art ancien, la « nouvelle peinture d'histoire » lui a servi de prétexte à l'élaboration d'un code de réinterprétation picturale des informations. Après son exposition Tout est allumé (1980, Musée national d'art moderne à Paris), où il a identifié la couleur au désir de changement du monde, il a amorcé le détachement intérieur qui l'a porté à s'installer, en 1981, près de Sienne, en Toscane. Sa découverte de la peinture siennoise et des peintures murales des tombeaux étrusques répond à son besoin de ressusciter certaines figures mythiques européennes, comme il l'avait déjà fait avec la thématique des tapisseries de « La Dame à la licorne ».
Ses plus grandes toiles, comme À mon seul désir, La Chine à Hu-Xian, et les deux tableaux réalisés pour la nouvelle « cité judiciaire » de Draguignan (1983) lui font[...]
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Écrit par
- Alain JOUFFROY : écrivain
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
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SUR LA PEINTURE (G. Deleuze) - Fiche de lecture
- Écrit par François DOSSE
- 975 mots
Avec ce cours, Deleuze poursuit aussi une relation amicale et de travail déjà ancienne avec le peintre Gérard Fromanger. Au cours de leurs rencontres dans son atelier, Deleuze avait questionné l’artiste sur ses procédés, son dispositif de travail. S’interrogeant sur la manière dont Fromanger colorise...