GÉRARD GAROUSTE (exposition)
La traversée des textes
L’exposition comprend des séquences intenses, comme la salle consacrée aux œuvres inspirées de La Divine Comédie, où les figures deviennent filiformes, ou bien celle qui abrite les grands formats des Indiennes réalisés sur bâche ainsi que la tente de la Dive Bacbuc (1998), percée d’œilletons qui permettent d’en observer les peintures intérieures. Le grand triptyque du Banquet (2021) constitue incontestablement un autre moment fort de la rétrospective. Dans le catalogue de l’exposition, le philosophe et rabbin Marc-Alain Ouaknin, éternel complice du peintre, lui consacre un essai. Le panneau central évoque le dîner de la reine Esther qui, dans l’Ancien Testament, révèle au roi Assuérus le dessein de son vizir Haman d’éradiquer le peuple juif. À ce thème de départ, l’artiste y entrelace d’autres histoires, en invitant à la table des personnages tels que Franz Kafka ou Martin Buber. Avec Le Banquet, Garouste crée une œuvre à la plastique particulièrement forte et à l’iconographie complexe. Il s’agit à n’en pas douter d’un des chefs-d’œuvre de l’exposition.
Cette rétrospective permet aussi de réaliser combien l’artiste s’est toujours appuyé sur le texte, quand bien même ses proches ont prêté à l’envi leur image, notamment dans les œuvres à forte teneur autobiographique. C’est ainsi que La Divine Comédie, les écrits de Rabelais et bien sûr l’Ancien Testament fournissent les sujets des œuvres au fil du temps. Mais, malgré le réseau des allusions et des citations cryptées, nul besoin d’être un grand kabbaliste pour apprécier les tableaux de Garouste, car il s’agit avant tout de peinture. Il importe ici de souligner que l’artiste s’est essayé à tous types de supports, de la toile à la sculpture, en passant par les bâches, la toile de tente et les rouleaux enluminés.
Enfin, Gérard Garouste a largement débordé le domaine de l’art en créant en 1991 la Source, une association qui vient en aide aux enfants en difficulté par le biais de l’activité artistique. Dans un milieu de l’art dont les idées humanistes dépassent rarement le stade de la déclaration d’intention, il faut souligner l’implication sans faille du peintre dans ce projet.
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Écrit par
- Richard LEYDIER : journaliste
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