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GASIOROWSKI GÉRARD (1930-1986)

Figure marginale et solitaire, qui se condamna, à certains moments de son histoire, à la réclusion ou à la disparition, Gérard Gasiorowski, né à Paris, n'a cessé de vouloir vivre la peinture — s'y engloutir — et, en même temps, de s'en détacher. Composée de séries, son œuvre apparaît comme autant d'effets de ce « paradoxe du peintre », comme autant « d'intensités productives, hors des conventions qui régentent l'avant-garde elle-même », ainsi que l'énonce l'un de ses plus ardents défenseurs, le critique B. Lamarche-Vadel.

Après des études d'arts appliqués et des débuts de peintre, interrompus en 1953, Gasiorowski retrouve la peinture en 1964 (Approches, 1964-1970). Assimilé au courant de l'hyperréalisme, Gasiorowski opère, avec la série des Croûtes, une première rupture, en 1970. Pendant cette période, en recourant au vocabulaire du mauvais goût pour désigner ses œuvres, il dénonce cette fascination de tout artiste pour la matière. Il interrompt avec violence ce mouvement d'effusion qui caractérisait ses relations avec la peinture : il lui déclare la guerre, en 1974. En 1976, il fait disparaître toute trace de son patronyme : à Gasiorowski se substitue l'Académie Worosis Kiga (une anagramme), où sont convoqués quatre cents noms d'artistes, représentés chacun par un chapeau. Puis c'est Kiga, déesse fictive, qui surgit à la place de l'artiste : elle se donne des rituels, des ornements, des jeux (Les Rites, Les Tourtes, Les Jus, 1979-1980, coll. de l'artiste). L'aventure de cette figure maternelle, réserve d'images, s'achève avec la réapparition de la signature de l'artiste (exposition à l'A.R.C., Paris, 1983). En 1985, une nouvelle signature apparaît : GXXS (Gasiorowski xxe siècle). Un cycle ainsi s'achève, au terme duquel l'artiste s'engendre comme fils de la peinture, et jusqu'à sa mort, en août 1986, Gasiorowski peut enfin s'adonner à l'objet de sa fascination (sa dernière œuvre, les douze tableaux de Fertilité). La première rétrospective de son œuvre a été présentée au musée national d'Art moderne à Paris en 1995, C'est à vous Monsieur Gasiorowski.

— Élisabeth LEBOVICI

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