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CORDEMOY GÉRAUD DE (1626-1684)

De ce philosophe historien, disciple de Descartes, ce familier de Bossuet, cet ami de Fénelon, on connaît mal la vie. Né à Paris, Cordemoy appartient par son père à la petite noblesse auvergnate. Avocat au parlement, habitué de la plupart des cercles cartésiens qui se réunissent à Paris dans les années 1660, de l'académie Bourdelot, du salon de Habert de Montmort, il acquiert la célébrité en écrivant son fameux Discernement du corps et de l'âme en six discours pour servir à l'établissement de la physique (1667), où il apparaît comme un des maîtres de Malebranche et comme un précurseur de Leibniz. Auparavant, il s'est déjà fait connaître par différents écrits traitant « de la connaissance même puis du moyen de connaître les autres et d'en être connu » ; en 1666, notamment, paraît le Discours physique de la parole : considérant que « parler n'est autre chose que donner des signes de la pensée », il distingue entre signes naturels, expressions du visage, etc. (qu'il attribue en bon cartésien aux passions et aux différents états du corps) et signes d'institution constitutifs de la langue ; il définit la parole comme l'acte de donner par les organes appropriés des signes extérieurs aux pensées produites par l'âme, et conçoit ainsi la pensée comme produite hors de la langue dans laquelle elle s'exprime à autrui et non dans celle-ci, conception mécaniste que l'on retrouve au xviiie siècle.

Familier du grand monde parlementaire, protégé de Lamoignon chez qui se rencontrent les bons esprits du temps et les grands parlementaires, il se lie à Claude Fleury qui partage ses vues sur la philosophie, le droit et les réformes politiques et administratives nécessaires. C'est alors qu'il écrit De la réformation d'un État (1668) qui est en partie une utopie platonicienne. C'est aussi un plaidoyer tout à la fois conservateur et révolutionnaire en faveur d'un État autoritaire et centralisé et un programme de réformes politiques et sociales. Entré à la Cour comme lecteur du Grand Dauphin grâce à la protection de Bossuet, membre de l'Académie française depuis 1675, Cordemoy participe aux séances du « petit concile », le cénacle qui réunit, autour de l'évêque de Meaux, Fléchier, Fénelon, Massillon, Fleury. Dorénavant, il n'écrira plus sur la philosophie ni sur la politique. Nommé conseiller du roi et historiographe de France, il se lance dans des recherches érudites sur l'histoire des premières races royales, que la mort viendra interrompre.

— François BURDEAU

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    ...opérations tant de l'esprit, « faculté » de l'âme, que du cerveau, corporel, sans omettre le cas des états ou des notions plus ou moins intermédiaires. Cordemoy travaille sur le même thème : « de l'union de l'Esprit et du corps... de la distinction du corps et de l'âme », mais son originalité apparaît...