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GERMAINE DE STAËL, DEUX CENTS ANS APRÈS

La liberté de penser

L’intérêt pour Germaine de Staël penseuse politique, sortie de l’ombre de la salonnière et de la femme de lettres vers les années 1970, continue de nourrir la critique. Son libéralisme, élaboré grâce à l’émulation d’idées au sein du Groupe de Coppet – le cercle d’écrivains et de penseurs regroupés autour d’elle pendant son exil en Suisse –, appelle un incessant travail de redéfinition : la biographie politique de Biancamaria Fontana, Germaine de Staël. Apolitical portrait (2016), et la somme de Gérard Gengembre et de Jean Goldzink, suivie d’un recueil d’articles à quatre mains, Madame de Staël, la femme qui osait penser (2017), s’attachent à dégager la spécificité de sa réflexion, longtemps subordonnée à celles de Jacques Necker et de Benjamin Constant.

Comme l’a mis au jour Germaine de Staël: ForgingaPolitics of Mediation (dir. K. Szmurlo, 2011), les conceptions théoriques de Germaine de Staël sont inséparables de son « activisme » sur la scène publique. Deux luttes attestent cet engagement dans le présent : le combat en faveur de l’abolitionnisme, perpétué sous différentes formes par les trois générations staëliennes (« Le Groupe de Coppet face à l’esclavage », Cahiers staëliens, no 64, 2014), et la résistance au despotisme qui, dans la diversité de ses formes, a nécessité de grands efforts de conceptualisation (« Despotes et despotismes dans les œuvres du Groupe de Coppet », Cahiers staëliens, no 65, 2015). Les actes du Xe Colloque de Coppet, Comment sortir de l’Empire ? Le Groupe de Coppet face à la chute de Napoléon (dir. L. Burnand et G. Poisson, 2016), se concentrent sur ces réajustements théoriques dans le contexte fluctuant de la fin de l’Empire. Cerner la complexité politique de la pensée de Madame de Staël exige ainsi de contextualiser les problématiques, en accord avec l’attention qu’elle portait toujours aux « circonstances ». S’inscrivant dans le riche champ de l’histoire sociale, Martina Priebe publie Les Modes de sociabilité au château de Coppet à l’époque de Germaine de Staël (1766-1817) (2017).

À l’occasion du bicentenaire de sa mort, qui marque aussi les deux cent cinquante ans de la naissance de Benjamin Constant, l’ouvrage Germaine de Staël et Benjamin Constant, l’esprit de liberté (dir. L. Burnand, S. Genand et C. Seth, 2017) offre enfin, à travers les contributions de spécialistes et un parcours iconographique, une très riche synthèse des itinéraires mêlés et des engagements si modernes de ce couple illustre.

— Laura BROCCARDO

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Écrit par

  • : professeure agrégée de lettres modernes, enseignante ATER à l'université Paul-Valéry-Montpellier-III

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