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GERMAINS

Une succession de migrations

200 à 300. Division des empires - crédits : Encyclopædia Universalis France

200 à 300. Division des empires

Le trait historique majeur des peuples germaniques durant la période antique (iiie s. av. – ive s. apr. J.-C.) est déjà leur extrême mobilité, qui aboutira aux Grandes Invasions. Les Germains sont les initiateurs et les principaux agents des migrations qui affectent le continent européen. Comme l'ont parfaitement reconnu les plus anciens historiographes, la Scandinavie et, à un moindre degré, les régions septentrionales de l'Allemagne actuelle furent durant plus d'un demi-millénaire « comme un atelier de peuples ou une matrice de nations », pour reprendre l'heureuse expression du Got Jordanès (vie s.). L'historien moderne distingue et classe ces pulsations successives plus qu'il ne les explique vraiment ; le rôle de facteurs climatiques, souvent invoqués, reste possible, mais obscur. En tout cas, il faut souligner qu'aucun peuple n'exerçait alors de pression sur les pays nordiques d'où partirent les premières migrations. Ce n'est qu'ultérieurement, en Europe centrale, à partir du iie siècle de notre ère, que des nomades venus des steppes eurasiatiques exercèrent une action non négligeable sur le déclenchement des expéditions en territoire romain.

Des envahisseurs inorganisés

Les premières apparitions des Germains dans le rôle d'envahisseurs se placent au iiie siècle avant notre ère, quand les Bastarnes et les Skires, traversant l'isthme européen entre la Baltique et la mer Noire, se présentent devant les villes grecques situées entre la Crimée et le delta du Danube. Ce mouvement est sans doute lié aux grandes migrations celtiques qui affectent alors l'Europe centrale ; il n'a guère de conséquences. Puis, à la fin du iie siècle avant J.-C., débute l'épopée des Cimbres, des Teutons et des Ambrons. Venus probablement de la péninsule jutlandaise, ils entreprennent vers 115 avant J.-C. une « marche à la Méditerranée », sans préparer ni éclairer leur migration. D'abord ils bousculent les Celtes d'Europe centrale et cherchent un accès direct à l'Italie, puis, après un échec dans les Alpes orientales, ils errent plusieurs années en Gaule méridionale, en Espagne orientale et dans la plaine du Pô. Seuls les Romains leur opposent une résistance sérieuse qui s'achève par le double anéantissement des Teutons à Aix-en-Provence (102) et des Cimbres à Verceil en Piémont (101) par les armées de Marius. L'épisode reste peu explicable et, au total, isolé.

Au siècle suivant, l'avance de peuples germaniques vers le sud et le sud-ouest, à travers des pays dont les habitants celtes, trop peu nombreux, perdent progressivement le contrôle, prend un caractère plus cohérent. Son principal héros est Arioviste, roi élu des Triboques du pays de Bade, bien connu grâce à César. À la tête d'une coalition de peuplades suèves, il cherche un établissement sur la rive gauche du Rhin, mais César accourt et l'écrase, en 58 avant J.-C. César, encore, arrête une poussée similaire, mais plus limitée, trois ans plus tard, sur le Rhin inférieur. Ce fleuve marquera pendant plus de quatre siècles la limite de la Germanie politique et militaire. Un système de fortifications mis en place par Rome, le limes, en interdira à peu près le passage, à partir du règne d'Auguste, il se prolongera également le long du Danube supérieur.

La romanisation du monde germanique

Rome ne considéra d'abord le Rhin que comme une ligne d'arrêt provisoire, avant un nouveau bond en avant, par exemple jusqu'à l'Elbe. L'aisance relative avec laquelle les Romains avaient occupé la Gaule avait créé des illusions sur la résistance possible des Germains dont l'état de civilisation – Strabon l'atteste – apparaissait alors fort voisin. Une série de campagnes méthodiques de Drusus, Domitius Ahenobarbus et Tibère, sous Auguste, n'obtint à grand prix[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Caen

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