ADAMS GERRY (1948- )
Ancien barman, accusé d'avoir été un des principaux dirigeants de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), président d'une organisation politique, le Sinn Fein, ayant longtemps prôné le terrorisme, diplomate hors pair et protagoniste indispensable du processus de paix nord-irlandais, Gerry Adams est né le 5 octobre 1948 à Belfast. Il est de ceux qui s'efforcent de protéger les quartiers catholiques de Belfast contre les émeutiers loyalistes au cours de l'été troublé de 1969, où l'IRA et le Sinn Fein renaissent de leurs cendres. Interné en 1971, libéré un an plus tard, il participe aux négociations secrètes entre l'IRA et le secrétaire d'État britannique pour l'Irlande du Nord, William Whitelaw. Bien qu'il ait toujours nié appartenir à l'organisation paramilitaire républicaine, il est soupçonné d'être le commandant de la Brigade de Belfast de l'IRA et, à partir de 1973, de faire partie de la troïka qui dirige l'organisation. Après avoir purgé trois ans de prison au pénitencier de Maze (1973-1976), il est de nouveau arrêté et inculpé d'appartenir à l'IRA en février 1978, mais il doit être libéré faute de preuves.
Très tôt, il s'affirme comme une tête politique. En juin 1979, il déclare que le mouvement républicain ne parviendra pas à ses fins par la seule lutte armée. Au congrès du Sinn Fein de 1980, il prend acte de ce que les Britanniques ont admis qu'il n'y avait pas de victoire militaire possible et émet le vœu que les républicains reconnaissent cette évidence. Triomphalement élu à Belfast-Ouest en 1982, puis en 1983, il déloge la vieille garde républicaine et s'empare de la présidence du Sinn Fein le 13 novembre 1983. Sous son influence, le congrès du parti renonce, en 1986, à boycotter le Parlement de la république d'Irlande, provoquant aussitôt le départ d'une poignée de républicains irréductibles. Réélu en 1987, il procède l'année suivante à un échange de vues avec John Hume, le leader du Parti social-démocrate travailliste (SDLP) constitutionnaliste modéré. Mais la discussion tourne court, le mouvement républicain ne voyant aucun intérêt à suspendre son offensive terroriste. Tout en réitérant son soutien à la campagne de l'IRA, Gerry Adams critique à mots couverts les attentats qui font des victimes parmi les civils. La fin des années 1980 et le début des années 1990 sont jalonnés de difficultés : l'influence du Sinn Fein décroît au Nord comme au Sud ; les Britanniques repoussent les appels du pied en faveur de l'ouverture des négociations ; Gerry Adams perd son siège de député en avril 1992. Un an plus tard, presque jour pour jour, Hume et Adams reprennent le fil interrompu de leurs discussions. Les gouvernements de Londres et de Dublin sont tenus informés tandis que la presse et l'opinion sont laissées dans l'ignorance de ce qui se trame. Gerry Adams demande aux responsables politiques des deux pays de promouvoir une « initiative nouvelle et imaginative » mais, dans le même temps, il s'affirme solidaire des terroristes de l'IRA en portant le cercueil d'un poseur de bombe tué par son engin. Ladite initiative se matérialise le 15 décembre 1993 par la Déclaration conjointe du Premier ministre britannique et du Taoiseach irlandais. Elle propose l'ouverture de négociations multipartites ouvertes au Sinn Fein si l'IRA consent à abandonner la lutte armée. Gerry Adams souffle le chaud et le froid en prenant bien soin de ne rompre les ponts ni avec les faucons de l'IRA ni avec les autorités britanniques et irlandaises.
À la fin de janvier 1994, il obtient, grâce à l'intervention personnelle du président américain Bill Clinton, un visa d'entrée temporaire aux États-Unis qui lui permet de se donner à peu de frais une image d'homme de paix tout en[...]
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Écrit par
- Pierre JOANNON : historien, docteur en droit, docteur honoris causa de la National University of Ireland et de l'université d'Ulster (Royaume-Uni)
Classification
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