GESTION FINANCIÈRE Contrôle de gestion
Le contrôle de gestion est un ensemble de dispositifs d'aide au management. Son organisation est la tâche de « fonctionnels », les contrôleurs de gestion. Ils sont rattachés à chacun des niveaux hiérarchiques d'une entreprise, dans une logique classique d'organisation qui associe la ligne opérationnelle (line) et les fonctions d'appui (staff), d'organisation, de préparation de la décision.
Cependant, cette situation appelle plusieurs précisions car les ambiguïtés y sont nombreuses : qu'est-ce qu'un manager ? De quel contrôle parle-t-on ? Que fait un contrôleur de gestion dans sa relation avec le management ? Quelle autorité peut-il avoir ?
Après avoir clarifié ces points, on examinera le contrôle de gestion dans ses deux rôles principaux : l'aide au pilotage et l'aide à la délégation.
La situation de management
On définit habituellement un manager comme quelqu'un qui doit atteindre des objectifs par l'intermédiaire d'autres personnes, d'une équipe qu'il doit faire agir. Cette mission recouvre de multiples aspects.
Pas de management sans objectifs
Cela suppose que l'organisation dans son ensemble ait fixé ses buts, ou ses missions, dont vont découler des objectifs précis à échéance donnée. Le management est en permanence un art de l'anticipation. Que faut-il être dans cinq ans ? Dans un an ? Comment y parvenir, comment s'y préparer ? La recherche d'informations sur le futur est continuellement nécessaire.
Cet exercice est conditionné par l'existence de finalités claires et de stratégies pour les atteindre. Le tournant des années 1990-2000 a vu l'affirmation de finalités comme la création de valeur actionnariale subordonnant la stratégie de l'entreprise à l'enrichissement des actionnaires. Certains l'opposent à une finalité plus large mettant en scène les intérêts de toutes les parties prenantes dont la situation est affectée par l'entreprise ou l'organisation considérée. Il n'y a pas de contrôle de gestion sans clarification des missions et des stratégies, de même que, comme on le verra, il n'y a pas de gouvernance sans contrôle de gestion.
Un art du flou
Les objectifs, sinon les buts généraux et les missions, sont susceptibles de changer : l'incertitude du futur fait du management un art du flou. C'est pour cette raison précise qu'un manager intervient, qu'il n'est pas remplaçable par une machine, un robot ou un algorithme : il a la confiance de la hiérarchie, parce qu'il est capable d'identifier les réactions appropriées face à des situations en partie imprévisibles ou mouvantes.
La notion de « contrôle » est donc très relative. Du reste, ce mot a deux sens : vérifier et maîtriser. Le but du contrôle de gestion est avant tout d'assurer une meilleure maîtrise, ce qui n'exclut pas de vérifier si les objectifs sont en voie d'être atteint, mais vérifier ne suffit pas.
La cybernétique est la science du contrôle complet, ce que les sciences de l'ingénieur appellent « contrôle-commande ». On y suppose que les conditions suivantes sont réalisées : l'objectif est clair, un modèle prédictif permet de calculer l'effet engendré par une intervention, la situation réelle est mesurable, quatre actions correctives sont possibles : agir sur les ressources consommées, modifier l'objectif, modifier le modèle prédictif, modifier le système à contrôler lui-même. On ajoutera que la cybernétique suppose implicitement que celui qui doit agir (en fait un dispositif de régulation dans une machine) n'a aucune raison personnelle de ne pas le faire.
De telles hypothèses ne sont pas vérifiées dans une situation de management : objectifs peu clairs ou mouvants, liens entre moyens à mettre en œuvre et objectifs souvent mal définis (quels moyens[...]
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Écrit par
- Henri BOUQUIN : professeur de sciences de gestion à l'université de Paris-Dauphine
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