GHANA
Nom officiel | République du Ghana (GH) |
Chef de l'État et du gouvernement | Nana Akufo-Addo (depuis le 7 janvier 2017) |
Capitale | Accra |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Cedi (GHS) |
Population (estim.) |
32 823 000 (2024) |
Superficie |
238 533 km²
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Le Ghana indépendant
Les années d'espoir
En quelques mois, le C.P.P. et le N.L.M. parviennent à un accord et l'indépendance est proclamée le 6 mars 1957. Le Ghana (le choix du nom, référence à un glorieux empire médiéval situé bien plus au nord, souligne les ambitions de Nkrumah) est le premier des pays africains colonisés à accéder à l'indépendance : il tient alors une position de leader, voire de modèle, incarne maints espoirs de libération et se situe au cœur d'importants débats sur l'émancipation des peuples noirs et le panafricanisme. Nkrumah (rebaptisé Osagyefo, ou le Rédempteur) prend alors une place prépondérante dans le Mouvement des non-alignés – ce qui lui vaut les critiques de l'Occident – et développe de grands desseins pour la nouvelle nation. Son premier plan quinquennal prévoit des dépenses de 120 millions de dollars, à comparer aux 12 millions de dollars sur dix ans envisagés par les autorités coloniales. Il fait le choix d'une économie mixte, avec un important secteur public, mais fait appel aux capitaux privés, notamment pour développer l'industrie et sortir de la dépendance à l'égard de l'étranger. Pour répondre aux besoins énergétiques de cette nouvelle politique, le barrage d'Akosombo, sur la Volta, est construit avec le concours des États-Unis et inauguré en 1966 ; en amont se trouve le plus grand lac artificiel du monde. Outre l'amélioration du réseau de transport, les premières années de l'indépendance voient aussi la mise en place d'un État-providence, avec le développement de l'instruction (école primaire puis secondaire gratuite, ouverture de la deuxième puis de la troisième université du pays) et des services de santé (édification d'hôpitaux modernes dans les grandes villes).
Le début des difficultés et de l'instabilité
Rapidement, le pays se trouve en butte à de graves difficultés économiques dues au coût de ces travaux et à la baisse des prix du cacao, dont les revenus ne compensent pas l'amenuisement des réserves nationales. L'opposition tente de déstabiliser le pouvoir par tous les moyens (sabotage, espionnage, coups d'État manqués, tentative d'assassinat...), en partie en réponse à la dérive autoritaire de Nkrumah. Dès 1958, des opposants avaient été emprisonnés sans procès, sous le coup de lois antisédition (Danquah mourra en prison en 1965). Après la proclamation de la Ire République en 1960, le pouvoir devient franchement autoritaire. Cependant, Nkrumah demeure populaire, comme le prouve son élection au suffrage universel comme président, après une écrasante victoire sur J. B. Danquah. En 1964, un référendum instaure un régime de parti unique : désormais, seul le C.P.P. est autorisé.
En février 1966, alors que Nkrumah est en voyage à l'étranger, un coup d'État militaire renverse son gouvernement ; il ne reviendra pas au Ghana et mourra en Roumanie en 1972. Les auteurs du putsch invoquent le caractère dictatorial du régime et affirment vouloir lutter contre la crise économique. Paradoxalement, durant les trois ans de régime militaire, les libertés publiques sont rétablies et le gouvernement parvient à renégocier la dette publique avec le F.M.I. En 1969, le pouvoir est rendu aux civils et la IIe République est proclamée, avec une Constitution accordant plus de pouvoir au chef du gouvernement qu'au chef de l'État. Le nouveau Premier ministre, Kofi A. Busia, dont le People's Party a remporté les élections, met l'accent sur le développement rural et sur la liberté d'expression. Mais les espoirs de redressement économique sont vite déçus : corruption et mauvaise gestion n'épargnent pas le nouveau régime. On recommence à évoquer avec nostalgie Nkrumah et, au bout de trois ans, la situation économique est si dramatique que la monnaie nationale doit être dévaluée de 44[...]
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Écrit par
- Monique BERTRAND : géographe, directrice de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (U.R. 013, migration, mobilités et peuplement)
- Anne HUGON : maître de conférences en histoire à l'université Paris-I, agrégée d'histoire, membre de l'Institut universitaire de France
Classification
Médias
Autres références
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