GHAZNĪ, RHAZNĪ ou GHAZNA
Située à 145 km au sud-ouest de Kābul ( Afghānistān) et à 2 200 m d'altitude, Ghaznī (ou Ghazna, Rhaznī, Rhazna), aujourd'hui bourgade de 10 000 habitants, fut une capitale brillante et raffinée du xe au xiiie siècle. Peut-être existait-il en ces lieux, au temps des Grecs, une Alexandrie, capitale de l'Arachosie, et au ive siècle de l'ère chrétienne une nouvelle cité, Zābul ou Zābulistān. Des témoignages dignes de foi attestent que Ghaznī était au xe siècle une riche ville commerçante et un emporium de l'Inde.
Elle n'entra vraiment dans l'histoire qu'après l'annexion d'une grande partie de l'Afghānistān actuel dans les possessions de la dynastie musulmane de Sāmān (875-999). Celle-ci, originaire de la région de Balkh, et de tradition iranienne, connut son apogée sous le règne de Naṣr II ibn Aḥmad (914-943). Mais, à cette époque, l'islamisation des Turcs allait placer face à face le monde iranien et le monde turc. C'est à Ghaznī que se produisit l'événement qui allait transformer la carte politique de l'Asie centrale.
La capitale des Ghaznévides
Alptigin, d'origine turque, d'abord commandant en chef de la garde des Sāmānides, avait obtenu le poste de gouverneur du Khurāsān sous le règne de ‘Abd al-Malik (954-961). Destitué de cette haute charge par le Sāmānide suivant, il se retira à Balkh. Mais, chassé de cette ville par l'armée sāmānide, il alla se réfugier à Ghaznī (962), où il fonda une principauté indépendante. Son fils lui succéda, puis trois de ses esclaves ; le dernier, Sebüktigin, sera en 976 le fondateur d'une dynastie qui allait durer deux siècles. Maḥmūd, le fils aîné de Sebüktigin, lui succéda en 998. Il sera l'une des plus éminentes figures de l'histoire musulmane.
Son règne dura trente-deux ans, au cours desquels il unifia tout le territoire afghan et étendit son empire dans toutes les directions, en Iran (Rayy et Iṣfahān), au Khwārizm et en Inde, où il ne fit pas moins de dix-sept raids, poussant jusqu'au Gange et au Mālwa. Il annexa le Khurāsān, la Transoxiane, Samarkand et Bokhārā. Bien que Maḥmūd de Ghaznī ait ressemblé plus à un chef de razzias qu'à un véritable conquérant, il aimait la compagnie des hommes cultivés. C'est ainsi que la cour de Ghaznī devint le centre d'une culture raffinée. Maḥmūd y fonda une madrasa dotée d'une riche bibliothèque, qui attira des professeurs de talent, des savants et des poètes. Le célèbre poète Firdūsī y vécut et dédia à Maḥmūd une de ses œuvres les plus importantes.
Toutefois, les monuments élevés sous le règne de Maḥmūd furent peu nombreux. Son tombeau, construit sous le règne de son fils Mas‘ūd Ier dans le palais de Turquoise, est situé au milieu d'un superbe jardin dont les poètes du temps ont chanté les délices.
Ghaznī possède encore deux minarets datant de la grande époque des Ghaznévides : celui de Mas‘ūd III (1099-1114) et celui de Bahrām Shāh (1117-1153). De plan étoilé, ils sont malheureusement très mutilés. Construits en briques cuites et couverts d'un revêtement de plâtre, ils sont ornés de panneaux contenant des inscriptions en écriture coufique à bordure tressée, des arabesques florales et des dessins géométriques simplement obtenus par des rangées de briques placées en oblique. Autrefois attribués à Maḥmūd de Ghaznī lui-même, ces minarets, distants l'un de l'autre d'environ 400 m, ont probablement fait partie d'une grande mosquée. Ils représentent le style provincial du xiie siècle de l'Iran oriental, qui relevait d'une tradition peut-être antérieure et qui a été illustrée également au Khurāsān.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jeannine AUBOYER : conservateur en chef du département des Arts asiatiques des Musées nationaux (musée Guimet), professeur à l'École du Louvre
Classification
Média
Autres références
-
AFGHANISTAN
- Écrit par Daniel BALLAND , Gilles DORRONSORO , Encyclopædia Universalis , Mir Mohammad Sediq FARHANG , Pierre GENTELLE , Sayed Qassem RESHTIA , Olivier ROY et Francine TISSOT
- 37 316 mots
- 19 médias
...causées avant tout par la polygamie des souverains. Vers la fin du xe siècle, leur pouvoir succomba devant l'effort commun des Karakhanides, habitant les steppes du Nord, et de la nouvelle dynastie des Ghaznévides, établie par un de leurs propres esclaves-combattants à Ghazni, au sud de Kaboul. -
GHAZNÉVIDES LES (977-1186)
- Écrit par Jean CALMARD
- 821 mots
-
MAḤMŪD DE GHAZNĪ (971-1030) souverain afghan (998-1030)
- Écrit par Mohammad ALI et Encyclopædia Universalis
- 948 mots
Souverain afghan (998-1030), né en 971, mort le 30 avril ( ?) 1030 à Ghaznī.
Mahmūd de Ghaznī, de son nom complet Yamin al-dawla Abū'l-Qāsim Mahmūd ibn Sebüktigin, est le fils de Sebüktigin, un esclave turc qui, en 977, devient le souverain de Ghaznī. Lorsque Mahmūd monte sur le trône en 998 à...