ANTONELLI GIACOMO cardinal (1806-1876)
Cardinal, secrétaire d'État de Pie IX (1806-1876). Fils d'un marchand de biens dont il tenait son esprit positif et le sens des affaires, Giacomo Antonelli entre en 1830 dans l'administration pontificale, où il fait une carrière rapide. Créé cardinal le 11 juin 1847, il demeurera simple diacre, comme beaucoup de prélats chargés de fonctions civiles ou politiques ; et son genre de vie évoquera toujours davantage l'homme du monde que l'homme d'Église. Favorable à une politique modérément réformatrice, il est nommé par Pie IX en novembre 1847 président de la Consulta di Stato chargée d'organiser dans l'État pontifical un régime constitutionnel et, le 10 mars 1848, il est mis à la tête du premier ministère à prépondérance laïque désigné conformément au nouveau Statuto. Démissionnaire dès la fin d'avril, à la suite du refus du pape de participer à la guerre contre l'Autriche, il rentre dans l'ombre pour quelques mois, mais continue à jouer un rôle important comme conseiller ; après la révolution romaine, le 26 novembre, il est placé à la tête du gouvernement pontifical en exil, entrant dès lors dans la grande histoire diplomatique européenne.
Convaincu par l'évolution des événements qu'il était chimérique de tenter dans l'État pontifical un compromis avec le libéralisme et que seul le retour au régime théocratique pouvait garantir l'indépendance du pape comme chef de l'Église, il fait appel aux puissances européennes pour rétablir par les armes le pouvoir temporel et dirige avec énergie une restauration d'allure typiquement réactionnaire, encore que non dépourvue de mérites dans le domaine administratif.
Lorsque, après quelques années de calme relatif, la question romaine rebondit à la suite de la guerre d'Italie (1859), Antonelli, qui tarda à comprendre à quel point les données du problème avaient évolué, se contenta pendant dix ans d'opposer au « droit nouveau révolutionnaire » le principe de légitimité et le droit des gens tel qu'il avait été formulé lors du Congrès de Vienne, tout en spéculant sur le soutien de la France. Cette résistance passive, qui se fondait sur des bases étroitement juridiques et dont le manque de panache irritait les ultramontains militants tel Mgr de Mérode, permit de gagner un certain temps, mais la guerre franco-allemande de 1870 sonna le glas de l'État pontifical d'autant plus aisément que le refus du cardinal à poursuivre les réformes qui s'imposaient accentua encore l'opposition au pouvoir temporel, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Bien conscient du fait qu'il n'y avait plus rien à espérer, Antonelli insista pour que le pape ne quittât pas Rome après l'occupation de la ville, mais il refusa toute entente avec le gouvernement italien, s'en tenant rigidement au rappel des principes violés. Il consacra ses dernières années à réorganiser sur des bases financières solides la situation nouvelle du Saint-Siège.
Bien qu'il n'existe toujours aucune biographie critique du cardinal (l'étude la plus développée, celle de P. Pirri dans la Rivista di storia della Chiesa in Italia de 1958, t. XII, paraît trop louangeuse), on commence à pouvoir apprécier de manière plus nuancée son action, si discutée de son vivant. Homme aux allures séduisantes, subtil et perspicace, excellant à découvrir à l'impromptu les moyens de sortir des situations les plus embrouillées, appliqué à sa tâche et sachant tenir tête aux pressions tant de l'opinion que des cabinets étrangers, Antonelli avait les qualités qui font les fonctionnaires distingués ; mais ce n'était pas un homme d'État : il manquait d'envergure dans les conceptions et de vues vraiment neuves ; en outre, il se montra souvent intéressé, brisant notamment ceux qui lui faisaient ombrage sans se soucier[...]
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Écrit par
- Roger AUBERT : professeur à l'université de Louvain
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PIE IX, GIOVANNI MARIA MASTAI FERRETTI (1792-1878) pape (1846-1878)
- Écrit par Roger AUBERT
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La restauration très réactionnaire qui suivit, sous la direction du cardinal Giacomo Antonelli, secrétaire d'État de 1848 à 1876, fut rendue plus impopulaire encore par la présence des troupes étrangères. Assurément, le petit peuple s'accommodait du gouvernement paternaliste du pape, qui put mettre...