BALLA GIACOMO (1871-1958)
Signataire avec Boccioni, Carrá, Russolo et Severini du Manifeste des peintres futuristes, le 11 février 1910 à Milan, Giacomo Balla est le plus âgé du groupe. Né à Turin, Balla décide très tôt de sa vocation de peintre. Autodidacte, il ne suivra que quelques cours de dessin ; il travaille chez un lithographe et approfondit les techniques et les problèmes spécifiques de la photographie, ce qui influencera profondément son œuvre. En 1895, il s'installe à Rome, où il passera la plus grande partie de sa vie, et où il sera très vite séduit, comme nombre de jeunes artistes de sa génération, par le socialisme humanitaire. Caricaturiste, il réalise des portraits et s'intéresse au paysage urbain, comme élément d'une nouvelle thématique riche de signification sociologique. Utilisant surtout à cette époque la technique divisionniste, Balla se passionne pour les phénomènes lumineux, naturels d'abord puis artificiels, et la Lampe électrique (1909, Museum of Modern Art, New York), qui atteste l'intérêt du peintre pour les conquêtes de la science, est considérée comme l'une des toutes premières réalisations de la poétique futuriste. S'étant abstenu de participer aux premières manifestations du groupe, Balla montre en 1913 au théâtre Costanzi à Rome des œuvres qui illustrent parfaitement cette notion futuriste : « Tout bouge, tout court, tout tourne rapidement, une figure n'est jamais immobile [...]. Elle paraît et disparaît sans cesse... » (Fillette courant sur un balcon, 1912, Civica Galleria d'arte moderna, Milan ; Laisse en mouvement, Buffalo Fine Arts Academy ; Les Rythmes de l'archet, coll. Estorick, Tate Gallery, Londres). Représentation analytique des phases successives des gestes et des déplacements par la répétition simultanée des parties qui bougent, les peintures de Balla donnent une interprétation plastique nouvelle de l'espace, jusqu'à atteindre avec Auto en course, étude de vitesse (1913, Civica Galleria d'arte moderna, Milan) une composition pratiquement abstraite faite de la pénétration spatiale et dynamique des seuls plans lumineux. Balla, comme ses amis, tend de plus en plus, même dans les paysages, à des réductions formelles telles qu'il ne subsiste sur la toile qu'un jeu de lignes et de plans unis à des expressions chromatiques violentes. Manifestant au sein du futurisme une activité intense, Balla collabore à des revues, à nombre d'expositions (en particulier celle qui fut organisée par Der Sturm à Berlin), réalise à la demande de Diaghilev le décor de Feu d'Artifices, ainsi que celui d'un cabaret, le Bal Tik-Tak, il s'intéresse également à la décoration d'appartement, et va jusqu'à s'habiller lui-même dans le goût futuriste. En 1927, il expose ses peintures dans les manifestations futuristes qui sont désormais liées au fascisme et, trois ans plus tard, il déclare : « J'ai la conviction que l'art pur se trouve dans le réalisme absolu, c'est pourquoi j'ai repris mon art de jadis. » Revenant à la peinture figurative, il produira jusqu'à sa mort un très grand nombre d'œuvres d'une authentique médiocrité. Mais, en 1948, lors des grandes expositions organisées dans le monde sur la peinture italienne, on redécouvre les œuvres futuristes de Giacomo Balla. En 1972, pour célébrer le centenaire de la naissance de l'artiste, a lieu à la Galleria nazionale d'arte moderna, à Rome, et au musée d'Art moderne de la Ville de Paris une importante rétrospective composée principalement d'œuvres futuristes, qui figurent incontestablement parmi les recherches les plus importantes effectuées au début du siècle sur la représentation du mouvement.
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Écrit par
- Maïten BOUISSET : critique d'art
Classification
Autres références
-
FUTURISME
- Écrit par Jean-Louis COMOLLI , Claude FRONTISI et Claude KASTLER
- 5 031 mots
- 9 médias
À l'écart des Milanais,Balla donne d'abord une version rétinienne très marquée du futurisme. C'est le temps du cocasse Dynamisme d'un chien en laisse et de La Main du violoniste (1912). Mais, en 1913, les Compénétrations iridescentes orientent ses recherches dans une voie abstraite,...