BODONI GIAMBATTISTA (1740-1813)
Petit-fils et fils d'imprimeurs piémontais, Bodoni quitte Saluces, sa ville natale, en 1758 pour Rome, où il espère trouver une situation digne de son talent, ainsi que la protection de son oncle l'abbé Bodoni. Celui-ci lui fait rencontrer le secrétaire du cardinal Spinelli, préfet de la Propagande. C'est ainsi que le jeune Giambattista entre à l'imprimerie de cette institution où il est chargé de mettre de l'ordre dans les caractères Garamond achetés par Sixte Quint. Dans le même temps, il étudie les alphabets orientaux, devient spécialiste du tibétain. Compositeur renommé, il passe son temps à l'étude de la typographie. Grâce à l'Allemand Berghen, qui lui apprend la gravure sur métaux, il s'initie à la gravure des caractères. Sa réputation atteint bien vite le petit cercle des amateurs de la beauté, mais aussi de la clarté, et qui voient dans la typographie un art capable de répondre à leurs aspirations. L'ambassadeur d'Espagne tente de l'enlever à l'imprimerie de la Propagande, mais c'est le ministre d'État des ducs Philippe puis Ferdinand de Parme, le célèbre Guillaume du Tillot, qui se l'attache, d'abord en qualité de prote, puis de directeur de l'imprimerie ducale en 1768. Si l'ouvrage de l'abbé Cappellotti, Reflessione teologiche-dogmatiche, qu'il donne cette même année, sort avec des caractères venus de l'atelier de Fournier le Jeune, Bodoni n'en travaille pas moins à l'établissement de ses propres caractères, qu'il dessine, grave et fond lui-même. En 1771, enfin, il donne son Saggi tipografico de' caratteri e fregi, composé uniquement à partir de ses propres caractères. On peut suivre avec les différentes éditions des classiques grecs et latins l'évolution du style de Bodoni, qui aboutit en 1788, après Didot semble-t-il, au caractère romain dit Bodoni (qui est à l'origine des caractères linotype et lumitype). En 1790, Bodoni crée son propre atelier, qu'il dirige tout en s'occupant de l'imprimerie ducale. Il perfectionne la présentation du frontispice en soulignant l'alliance des caractères et de la mise en pages. Un des plus beaux exemples en est L'Iliade, imprimée sur vélin, qu'il présente en 1806 à Napoléon Ier. Craignant que l'art typographique ne dépérisse après lui, Bodoni prépare un Manuale tipografico qui ne sera édité qu'en 1818.
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Écrit par
- Michel MARION : conservateur à la Bibliothèque nationale
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