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MENOTTI GIAN CARLO (1911-2007)

Un compositeur populaire

La réputation de Menotti commence à s'étendre. Le film qu'il tirera lui-même du Medium en 1951 ne fera qu'accroître cette popularité, qui va déjà en s'amplifiant grâce au drame musical The Consul, donné d'abord au Shubert Theatre de Philadelphie le 1er mars 1950, puis à l'Ethel Barrymore Theatre deux semaines plus tard, et couronné par le prix Pulitzer. L'histoire, sombre et violente, est celle d'une femme qui, dans un pays totalitaire, tente en vain d'obtenir un visa de sortie. En pleine guerre froide, on imagine l'impact d'un tel sujet, d'autant plus qu'il est traité avec une réelle adresse. Rien d'étonnant à ce que les représentations se soient poursuivies pendant près de huit mois, et qu'une adaptation ait été faite peu après dans plusieurs pays (à la Scala de Milan, à Londres, Zurich, Berlin et Vienne, notamment).

La N.B.C. va être à l'origine d'un nouveau succès, phénoménal. Le 24 décembre 1951, la diffusion de Amahl and the Night Visitors (« Amahl et les Visiteurs de la nuit ») séduit les téléspectateurs, et les captivera tous les ans, lors des rediffusions, et nouvelles productions. Mais le succès n'est pas toujours au rendez-vous. Si The Saint of Bleecker Street (« La Sainte de Bleecker Street »), autre prix Pulitzer, dont la première a lieu au Broadway Theatre le 27 décembre 1954, réunit encore quelques suffrages, quatre ans plus tard, le drame musical Maria Golovin est fraîchement accueilli lors de sa création, le 20 août 1958, dans le pavillon américain de l'exposition internationale de Bruxelles. À sa création à l'Opéra-Comique de Paris le 21 octobre 1963, avec, notamment, Mady Mesplé et Gabriel Bacquier, l'opéra bouffe Le Dernier Sauvage est un échec. Malgré l'interprétation de Beverly Sills dans le rôle de Jeanne la Folle, La Loca passe presque inaperçue à San Diego, en 1979, et Goya subit un sort identique à Washington, en 1986, en dépit de la présence, dans le rôle éponyme, de Plácido Domingo.

Gian Carlo Menotti - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Gian Carlo Menotti

Menotti ne se borne pas à composer, ou à écrire des livrets. Il endosse fréquemment l'habit du metteur en scène, et pas seulement pour ses propres œuvres. On a pu voir, à Paris, ses productions de La Bohème de Puccini, d'Eugène Onéguine de Tchaïkovski, de Pelléas et Mélisande de Debussy, très traditionnelles, témoignant d'un goût raffiné, et d'un profond respect des œuvres choisies. Une autre aventure, et non des moindres, de sa carrière, est la création, en 1958, dans la petite ville italienne de Spoleto, du Festival dei Due Mondi (« Festival des Deux Mondes »), dont il sera le directeur pendant dix ans. Opéras, pièces de théâtre, concerts sont l'occasion de confrontations culturelles enrichissantes, et de grands noms y prêtent leurs concours. Ainsi Luchino Visconti y signe, entre autres, les mises en scène de Macbeth de Verdi, d'Il Duca d'Alba de Donizetti, Louis Malle celle du Chevalier à la rose de Richard Strauss, Roman Polanski y affronte Lulu de Berg, et Patrice Chéreau, en 1969, y effectue ses débuts lyriques avec L'Italienne à Alger de Rossini. Résurrections d'ouvrages oubliés (Lo Frate 'nnamorato de Pergolèse) et création contemporaine (Napoli milionaria de Nino Rota, le 22 juin 1977) y vont de pair. Il en est de même dans le pendant américain qui s'ouvre à Charleston, en Caroline du Sud, en 1977, où l'œuvre de cet homme aux multiples talents se poursuit avec un dynamisme identique.

Gian Carlo Menotti devrait-il être coupable d'avoir eu du succès à Broadway, et d'avoir, y compris par l'intermédiaire de la radio et de la télévision, fait aimer l'opéra à un vaste public alors que le genre s'essoufflait ? La reprise à Marseille, en 2006, de Maria Golovin a montré que le théâtre lyrique[...]

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Gian Carlo Menotti - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

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