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VATTIMO GIANNI (1936- )

C'est à Turin, où il est né en 1936, que Gianni Vattimo fera ses études de philosophie auprès de Luigi Pareyson avant de devenir professeur de philosophie théorétique et doyen de l'université de cette ville (de 1976 à 1980 et de 1982 à 1984). Il consacre son premier travail à la notion de technè chez Aristote : Il Concetto di « fare » in Aristotele (1961), avant de se tourner très vite vers Heidegger dont il deviendra l'un des principaux interprètes : Essere, storia e linguaggio in Heidegger (1963), Introduction à Heidegger (1971, trad. franç. 1985). Il s'intéresse également de près à l'herméneutique de Schleiermacher (Schleiermacher filosofo dell'interpretazione, 1968) et de Hans-Georg Gadamer dont il traduit et préface en 1972 l'œuvre majeure, Vérité et méthode. Son Éthique de l'interprétation (parue en 1989, trad. franç. 1991) livrera toutes les conséquences, notamment éthiques, de cette « nouvelle koinè » qu'est l'interprétation après le déclin des pensées « fortes » que furent marxisme et structuralisme. Nietzsche, dont il donne une introduction (Introduction à Nietzsche, 1985 ; trad. franç. 1991) et qu'il ne cesse d'interroger en tant que penseur des limites de la modernité et de la métaphysique issue du platonisme, s'inscrit dans cette perspective. « Nietzsche universalise le soupçon qui pèse sur la conscience de soi en installant dans notre culture l'idée de travestissement et de mystification en quoi consiste la vie de la conscience elle-même. » La tentative de sortie hors de la subjectivité absolue incarnée par le système hégélien, qui est en même temps essai de dépassement de la modernité, n'est rien moins que simple. C'est à ce travail de dépassement que sont consacrés Il Soggetto e la maschera. Nietzsche e il problema della liberazione (1974) et Al di là del soggetto (1981)[Le Sujet et le masque. Nietzsche et le problème de la libération et Au-delà du sujet].

Faisant jouer Nietzsche et Heidegger, et bien souvent l'un contre l'autre, Gianni Vattimo, avec Pier Aldo Rovatti, sera à l'origine d'un mouvement qui, en Italie, aura de profonds retentissements sur les débats intellectuels au cours des années 1980, et qui reprendra le titre d'un ouvrage collectif paru en 1983 : Il Pensiero debole (La Pensée faible). Les auteurs partent d'un constat : l'heure n'est plus aux « fondements » (la Vérité, l'être, Dieu, l'Homme...), il nous faut sortir de la modernité, c'est-à-dire tenter de « dépasser la métaphysique », afin de préparer les conditions d'une entrée dans une nouvelle époque, « postmoderne », encore à venir. Nietzsche a balisé le chemin en brisant les idoles qui avaient tôt fait de prendre la place laissée vide par Dieu ; le monde vrai est devenu fable et rien ne doit plus arrêter le mouvement d'interprétation généralisée qui empêche que se reconstituent de nouvelles forteresses idéologiques. Heidegger, mettant en perspective l'histoire de l'Occident, est parvenu à mettre en crise la pensée métaphysique qui a en vue la réconciliation spéculaire de l'homme et du monde au nom d'un principe unifiant. Le Avventure della differenza (1980 ; Les Aventures de la différence, 1985), La Fine della modernità (1985 ; La Fin de la modernité : nihilisme et herméneutique dans la culture postmoderne, 1987) et La Società trasparente (1989 ; La Société transparente, 1990) témoignent de ce travail sur les limites de la modernité. Il débouche sur des considérations tant esthétique, qu'éthique ou politique. Ainsi l'œuvre d'art à l'époque contemporaine n'aurait pas valeur de réconciliation, comme le pensait encore Hegel, mais de « dépaysement », d'« exercice de mortalité » ou d'« oscillation » entre un monde de communication généralisée où elle[...]

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