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KREMER GIDON (1947- )

Disciple de David Oïstrakh, représentant de la branche d'Odessa de l'école russe de violon, le Russe et Allemand Gidon Kremer a su s'évader des limites étroites des pages dédiées à la seule virtuosité. Sa sonorité fine et racée, l'élégance de son phrasé et sa confondante maîtrise se rient des frontières esthétiques. En prenant le risque de surprendre, de désorienter, voire de choquer, ce musicien sensible et profond se révèle l'un des plus passionnants artistes de son époque.

Une carrière contrariée

Gidon Kremer (en letton Gidons Krēmers) naît à Riga, en Lettonie, le 27 février 1947. Sa famille, d'origine allemande, compte plusieurs musiciens professionnels : son grand-père maternel, Karl Brückner, avait été professeur au Conservatoire de Riga ; ses parents, violonistes professionnels, seront ses premiers mentors. Après avoir suivi les cours de Voldemar Sturesteps à l'Académie lituanienne de musique de Riga, celui qui est très vite considéré comme un enfant prodige est admis sans difficulté en 1965 au prestigieux Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, où il va fréquenter, jusqu'en 1973, les classes de Piotr Bondarenko et de David Oïstrakh. Les récompenses ne se font pas attendre pendant ces années d'étude : troisième prix – il est devancé par Philippe Hirchhorn et Stoïka Milanova – au concours international Reine Élisabeth de Belgique 1967, deuxième prix – derrière Vladimir Spivakov – au concours international de Montréal 1969, premier prix au concours international Nicolò Paganini de Gênes 1969, premier prix – devant Vladimir Spivakov ! – au concours international Tchaïkovski de Moscou 1970.

Gidon Kremer donne de nombreux concerts en U.R.S.S., où critique et public sont enthousiasmés par une virtuosité qui semble ne connaître aucune limite ainsi que par l'audace et l'originalité de ses programmes, mais il ne sera autorisé à se produire à l'étranger qu'à partir de 1974. Herbert von Karajan le remarque, l'invite au festival de Salzbourg 1976 et enregistre avec lui le Concerto pour violon de Brahms avec l'orchestre philharmonique de Berlin (1976). La carrière internationale de Gidon Kremer est lancée.

En 1980, lassé des tracasseries que lui fait subir le régime soviétique – ses origines allemandes et juives n'y sont pas étrangères –, Gidon Kremer s'établit en Allemagne en compagnie de sa seconde épouse, Elena, fille du pianiste russe Dmitri Bachkirov ; celle-ci sera à plusieurs reprises sa partenaire au clavier. C'est à cette époque qu'il abandonne le Guadagnini que possédait son grand-père et acquiert un Stradivarius, l'ex-Baron von Feilitsch-Heermann (daté de 1734), et un Guarneri del Gesù, l'ex-David-ex-Payne (vers 1730). Depuis 2006, son instrument de prédilection est un Nicolò Amati de 1641.

En 1981, Gidon Kremer crée à Lockenhaus, en Autriche, un festival de musique de chambre qui prendra, en 1992, le nom de Kremerata Musica. Il y mêle jeunes révélations et valeurs confirmées, toutes animées par la passion de jouer ensemble et une irrépressible fringale d'horizons nouveaux. C'est donc hors des sentiers battus du répertoire traditionnel qu'autour de Gidon Kremer se retrouvent les pianistes Martha Argerich, Aloys Kontarsky, Oleg Maisenberg et Valery Afanassiev, le violoniste Thomas Zehetmair, les altistes Gérard Caussé et Iouri Bashmet, les violoncellistes Yo-Yo Ma, Heinrich Schiff, David Geringas et Mischa Maisky, le hautboïste Heinz Holliger, le clarinettiste Eduard Brunner, entre autres, pour de mémorables séances de musique dont le disque a heureusement souvent gardé la trace. Le soliste ne se refuse pas pour autant au plaisir des grands concertos traditionnels, sous la baguette des plus grands chefs : Herbert von Karajan, Leonard Bernstein, Lorin Maazel, Riccardo Chailly, Christoph[...]

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