GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)

L'élaboration des rapports du GIEC

La rédaction des rapports du GIEC obéit à une procédure complexe et minutieuse avec un calendrier s'étalant sur plusieurs années.

Le bureau du GIEC rédige un document de cadrage des éléments que devront aborder les rapports. Puis, avec l’aide de scientifiques choisis expressément pour cette tâche, il établit pour chaque rapport une structure (sommaire, mots-clés…) qui est soumise au vote des délégations gouvernementales lors d’une assemblée plénière. Ainsi, les rapports répondent au mieux aux interrogations des décideurs. Les groupes de travail sélectionnent ensuite les auteurs principaux qui effectueront une évaluation des articles scientifiques publiés dans le monde. Ils analyseront notamment les méthodologies mises en œuvre pour chacune des publications. Un effort important est porté sur la traçabilité de chaque affirmation du rapport afin de pouvoir retrouver les éléments scientifiques qui la sous-tendent. Concrètement, chaque assertion contient les références bibliographiques utilisées et doit contribuer à énoncer clairement une évaluation, c’est-à-dire un fait scientifique et le niveau de confiance associé à celui-ci. Les rapports ne doivent comporter aucune recommandation politique et indiquent, s'il y a lieu, les résultats divergents. À deux reprises durant leur élaboration, les rapports font l’objet d’une relecture effectuée par des scientifiques du monde entier sur la base du volontariat (experts extérieurs). La seconde relecture est aussi effectuée par les représentants des gouvernements. Tous les commentaires reçus (plusieurs milliers pour chaque chapitre de rapport) sont archivés, ainsi que la réponse apportée par les auteurs à chacun d’eux.

Pour chaque rapport, un « résumé technique » est élaboré et sert de base à un résumé plus court (une dizaine de pages) à l'intention des décideurs. Ces résumés sont soumis aux experts extérieurs lors de la seconde relecture du rapport. Puis une version finale est préparée. Les pays membres du GIEC, s’ils le souhaitent, peuvent alors faire remonter un dernier jeu de commentaires écrits sur le résumé pour décideurs en amont de la séance d’approbation, ce qui permet aux auteurs de préparer un texte répondant au mieux aux attentes des pays. Le résumé pour décideurs est alors soumis à l'approbation formelle mot à mot d'une assemblée plénière de ce groupe de travail. Cette séance permet de lever des incompréhensions et de clarifier certains éléments. Si les présidents du groupe de travail et les scientifiques qui ont rédigé les chapitres concernés estiment qu'une proposition d'amendement d'un État membre est en contradiction avec les résultats scientifiques, cette proposition est considérée comme irrecevable. Cette assemblée plénière, après approbation du résumé à l'intention des décideurs, entérine en bloc les différents chapitres sans discussion.

Parce qu’ils sont élaborés suivant une méthodologie très encadrée, ces rapportsconstituent, pour les gouvernements, des références indiscutables et indispensables à la conduite des négociations internationales, notamment lors de la réunion annuelle (appelée COP pour Conference of the Parties) qui rassemble tous les pays signataires (qualifiés de « parties ») de la Convention de Rio sur le climat.

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Écrit par

Michel PETIT : ancien membre du bureau du GIEC, ancien directeur de l'Institut national d'astronomie et de géophysique
Sophie SZOPA : directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique (CEA)

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