STUART GILBERT (1755-1828)
Peintre américain, Stuart est formé auprès d'un maître écossais, le portraitiste Cosmo Alexander, qu'il accompagne en Écosse en 1772 ; il s'expatrie en Angleterre et en Irlande de 1775 à 1792. Si ses premiers portraits relèvent directement de la tradition archaïque des « primitifs » américains (Mrs. John Bannister et son fils, vers 1774, Redwood Library and Athenaeum, Newport, R.I.), il s'approprie rapidement les formules du portrait aristocratique à l'anglaise. Plutôt que Reynolds, et bien qu'il se soit parfois inspiré de lui (John Foster, 1791, Nelson Gallery-Atkins Museum, Kansas City, Mo.), son modèle direct est alors Gainsborough. Leurs affinités stylistiques sont telles qu'on alla jusqu'à attribuer à Gainsborough une des œuvres les plus remarquables de Stuart (Le Patineur, 1782, National Gallery of Art, Washington). Il lui emprunte un répertoire de poses conventionnelles (Henrietta Elizabeth Frederica Vane, 1782-1783, Smith College Museum of Art, Northampton, Mass.), et surtout l'effet brillant et facile, les glacis, la touche fluide, excellant à traduire des expressions mobiles, la grâce fugitive, le sentiment de l'instant qui passe (Mrs. Perez Morton, env. 1802, Worcester Art Museum, Mass.).
À la différence de son compatriote Copley, expatrié comme lui, qui ne parvint que rarement à concilier cette vision et cette manière pré-impressionniste avec le goût des choses concrètes et permanentes propre à l'Amérique coloniale, Stuart est indifférent aux objets, aux textures, qu'il dissout dans la notation de l'atmosphère, dans la technique d'esquisse, dans l'effet d'ensemble. Au cours de sa période européenne, l'essentiel de son œuvre s'inscrit dans la production des plus brillants portraitistes du temps en Grande-Bretagne : non seulement Gainsborough, mais aussi Romney, Hoppner, Raeburn, bientôt Lawrence. On ne peut donc, malgré les efforts ingénieux d'une certaine critique nationaliste aux États-Unis, le considérer comme un peintre purement américain. Cependant, de même que l'œuvre de Copley dans sa période américaine prépare le réalisme de William Sidney Mount, de Bingham, d'Eakins, de même le painterly mode, que Stuart inaugure avec franchise et avec éclat, fonde une autre tradition de la peinture américaine du xixe siècle, celle notamment de Sargent, de Mary Cassatt, de Whistler, de John La Farge. D'autre part, les portraits que Stuart peignit à son retour aux États-Unis sont d'un style beaucoup plus classique (Mrs. Richard Yates, National Gallery of Art, Washington). Ils sont aussi une contribution capitale à l'iconographie de l'histoire américaine. Les plus célèbres sont les portraits de George Washington, qui se répartissent suivant trois prototypes : le portrait dit Vaughan (1795), le portrait dit Landsdowne (1796) et le portrait dit Athenaeum (1796). Les répétitions en furent innombrables.
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Écrit par
- Pierre GEORGEL : conservateur en chef du Patrimoine
Classification
Médias
Autres références
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ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques
- Écrit par François BRUNET , Éric de CHASSEY , Encyclopædia Universalis et Erik VERHAGEN
- 13 464 mots
- 22 médias
...la lutte pour l'indépendance stimula un foisonnement de portraits commémoratifs des Pères fondateurs et des notables de la Jeune République. À lui seul, Gilbert Stuart produisit, à partir de quelques séances de pose, plus de cent portraits de George Washington, dont le plus célèbre figurera sur le billet...