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BOURDET GILDAS (1947- )

Gildas Bourdet - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Gildas Bourdet

au Havre.D'abord attiré par la peinture et la scénographie (il signe ou cosigne le plus souvent les décors de ses spectacles), Gildas Bourdet se tourne rapidement vers la mise en scène. Les premières réalisations de sa troupe, le théâtre de la Salamandre, fondée en 1974, se font sur le mode de l'adaptation et de l'écriture collective (La Vie de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, 1973 ; Martin Eden, 1976, d'après le roman de Jack London). Dans Attention au travail (1979), Bourdet et son alter ego, le dramaturge Alain Milianti, développent un propos sociologique avec une ironie corrosive. Il s'agit de rendre à la classe populaire, dans la tradition de Ruzzante ou Goldoni, la possibilité de se représenter elle-même, avec ses codes et son humour propres. Il s'inscrit ainsi contre le théâtre du quotidien, où le silence, l'impossibilité d'accéder à la parole sont pointés comme symptômes de la crise sociale. Bourdet reviendra à un propos semblable avec Les Bas-Fonds de Gorki en 1982.

Bourdet se voit confier en 1975 le centre dramatique du Nord, qui accède en 1982 au rang de théâtre national de région et se dote de moyens considérables. Sa réputation se construit autour d'un Britannicus (1981) iconoclaste et décapant, sans souci du vers racinien.

Il s'essaie à l'écriture : Derniers Détails, 1981 ; Le Saperleau, 1982, où le comique tient à l'invention d'une langue faite d'agglutinations et de néologismes. Avec Une station-service (1985) et Les Crachats de la lune (1987), il opte pour un décor fixe (un garage, un buffet de gare), renvoyant avec force détails au réalisme cinématographique, et où se joue l'existence bloquée de quelques personnages sans destin. L'Inconvenant (1988), est une comédie mettant en scène les rapports entre une équipe de cinéma et de grands bourgeois amateurs d'art dont l'appartement sert de lieu de tournage.

Scénographe inspiré, Bourdet imagine pour Le Pain dur de Claudel, en 1984, une mise en scène littéralement en noir et blanc, procédé expressionniste évoquant encore le cinéma, mais cherchant cette fois à en retrouver l'atmosphère par des procédés dont l'artifice est ostensiblement revendiqué. Cette sophistication esthétique se retourne contre lui lorsqu'il aborde Fin de partie, en 1988, et que les héritiers de Beckett le contraignent à s'en tenir aux strictes indications de l'auteur.

Après la dissolution de la Salamandre, Bourdet collabore à plusieurs reprises avec la Comédie-Française (Dialogues des carmélites de Bernanos, 1987 ; Le Malade imaginaire, 1991). Son éclectisme le pousse vers les auteurs du xviiie siècle (création mondiale de La FintaGiardinierade Mozart en 1984 ; Les Fausses Confidences de Marivaux en 1989).

Il contribue à réhabiliter le théâtre de Romain Weingarten, et monte en 1990 son chef-d'œuvre, L'Été, créé en 1966. Le décor réaliste d'Édouard Laug laisse ici au langage tout le soin de construire un univers poétique, où se développe, derrière le conte enfantin, une dialectique du visible et du caché, une réflexion sur l'essence du signe théâtral. Suivra La Mort d'Auguste en 1995, fable clownesque et philosophique sur fond de piste aux étoiles.

Gildas Bourdet prend en 1995 la direction du théâtre de la Criée à Marseille. Avec La Bonne Âme de Se-Tchouande Brecht (1995), il illustre la fable en créant un cadre tenant à la fois de la Chine folklorique et de l'environnement industriel phocéen. Comme à maintes reprises (Le Malade imaginaire ; Encore une histoire d'amour,de Tom Kempinski en 1994 ; Héritage,d'après Henry James en 1993), sa femme, Marianne Épin, en est l'interprète principale. Gildas Bourdet aime à faire le va-et-vient entre classiques et contemporains, passant des Jumeaux vénitiens de Goldoni (1996) à Adam et[...]

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Écrit par

  • : écrivain, metteur en scène, maître de conférences à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Média

Gildas Bourdet - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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