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GILLESPIE JOHN BIRKS dit DIZZY (1917-1993)

Une seconde carrière

Une période de relatif oubli s'instaure. Il travaille avec Stan Kenton, anime de multiples petites formations, fonde à Detroit une maison de disques (Dee Gee) qui sera plus tard rachetée par Savoy, participe aux tournées du Jazz At The Philharmonic, enseigne à la Lenox School of Jazz, dans le Massachusetts (1953). C'est à cette époque qu'il adopte cette étrange trompette coudée qui fera désormais partie du personnage. En 1956, il crée, avec le soutien du Département d'État, un grand orchestre qui, sous la direction musicale de Quincy Jones, effectue de nombreuses tournées internationales. Il retrouve enfin les faveurs du public en triomphant au festival de Newport de 1957.

S'ouvre alors une véritable seconde carrière, essentiellement en petites formations, avec des partenaires comme Benny Golson, Benny Carter, Stan Getz, Sonny Rollins, Sonny Stitt ou le groupe vocal français Les Double Six. Il y conserve toujours le goût des rythmes afro-cubains et des environnements latino-américains.

Dizzy Gillespie participe à plusieurs films. En 1963, il interprète la musique de Mal Waldron pour le film The Cool World de Shirley Clarke et participe en vedette au festival de jazz d'Antibes - Juan-les-Pins. Par deux fois – en 1963 et en 1972 –, il annonce sa candidature à la présidence des États-Unis. Il écrit, en collaboration avec Al Fraser, son autobiographie, To Be or not to Bop (Doubleday, New York, 1979 ; trad. franç. par Mimi Perrin, Presses de la Renaissance, Paris, 1981). Jusqu'en 1981, il développera une intense activité discographique et une production musicale d'une grande qualité. Quand il disparaît, le 6 janvier 1993, à Englewood (New Jersey), il lègue une talentueuse troupe de disciples – Fats Navarro, Lee Morgan, Freddie Hubbard, Art Farmer – ainsi qu'un thème qui a fait le tour du monde : Night in Tunisia.

Dizzy Gillespie s'est fait amuseur excentrique pour mieux offrir le be-bop au grand public. S'il n'a pu durablement rester une vedette populaire, il n'a jamais perdu l'infini respect de ses pairs. Derrière les irrésistibles facéties de l'homme de spectacle, il faut savoir redécouvrir l'exceptionnel virtuose et le très sensible musicien. Une vélocité phénoménale qui s'exprime en improvisations impétueuses et en jaillissements volubiles, des suraigus stratosphériques admirablement contrôlés, une concentration rare dans l'exubérance font de lui un acrobate inégalé et le roi du spectaculaire. Faut-il oublier pour autant l'extrême précision de l'émission et de la mise en place, la rigueur du tempo, la fermeté du style sous l'effort instrumental, la sobriété du ton, le goût de la clarté et de l'élégance sous laquelle se cache une très fine sensibilité ? Qu'il suffise d'écouter une fois encore l'historique concert de Massey Hall (Toronto, 1953), où ses partenaires n'étaient autres que Charlie Parker, Bud Powell, Charlie Mingus et Max Roach... Dizzy n'a pas fini de gambader sur les cimes.

— Pierre BRETON

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Dizzy Gillespie - crédits : MPI/ Getty Images

Dizzy Gillespie

Duke Ellington et Dizzy Gillespie - crédits : Gjon Mili/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Duke Ellington et Dizzy Gillespie

Dizzy Gillespie - crédits : Bettmann/ Getty Images

Dizzy Gillespie

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