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NEVEU GINETTE (1919-1949)

La violoniste française Ginette Neveu naît à Paris le 11 août 1919, dans une famille musicienne : elle est une petite-nièce de l'organiste et compositeur Charles-Marie Widor et sa mère, professeur de violon, va guider très tôt son apprentissage de l'instrument. Cette enfant prodige donne à cinq ans et demi son premier récital public. Elle n'a pas huit ans quand elle interprète à la salle Gaveau, à Paris, le Premier Concerto, en sol mineur, de Max Bruch avec l'Orchestre des Concerts Colonne sous la direction de Gabriel Pierné. En 1928, elle obtient le premier prix de l'École supérieure de musique de Paris ainsi que le prix d'honneur de la Ville de Paris. Elle travaille avec Line Talluel et Georges Enesco puis entre en 1930 au Conservatoire de Paris dans la classe de Jules Boucherit ; elle n'a que onze ans ! Huit mois plus tard, elle remporte un premier prix de violon, égalant ainsi le record de rapidité établi en 1846 par l'illustre violoniste et compositeur Henryk Wieniawski. Parallèlement, elle étudie la composition avec Nadia Boulanger. Carl Flesch la remarque parmi les concurrents du Concours international de Vienne de 1931 et accepte de la prendre parmi ses élèves en 1933. Grâce à son aide financière, Ginette Neveu peut se présenter au Concours international Henryk-Wieniawski de Varsovie en 1935. Elle y remporte sans discussion le premier prix, devançant des musiciens comme David Oïstrakh (qui n'est que 2e prix !) ou Ida Haendel (7e prix), qui témoignent du niveau élevé de la compétition.

Une brillante carrière internationale s'offre à Ginette Neveu, hélas ! interrompue par la guerre. La paix revenue, les chefs les plus prestigieux – Herbert von Karajan, Walter Süsskind, Hans Rosbaud... – l'appellent comme soliste pour les plus grandes pages du répertoire concertant : au concert comme au disque, elle s'illustre dans Beethoven, Brahms, Chausson (dont le Poème pour violon et orchestre est un de ses chevaux de bataille), Sibelius. Elle se consacre avec la même énergie à la musique de chambre, le plus souvent en compagnie de son frère, le pianiste Jean Neveu : c'est avec lui qu'elle enregistre la Sonate pour violon et piano de Claude Debussy ainsi que celle de Richard Strauss. Le 20 octobre 1949, elle donne, à Paris, son dernier récital. Le 28 du même mois, en route avec Jean Neveu vers New York, l'avion qui la transporte, et où se trouve aussi le boxeur Marcel Cerdan, s'écrase sur l'île de São Miguel, aux Açores.

Le jeu de Ginette Neveu est habité par la flamme d'une passion dévorante. Maître des couleurs et douée de considérables moyens techniques, elle ne recherche ni la beauté du son en soi, ni les effets de pure virtuosité. L'urgence du message à transmettre, l'intensité de l'engagement personnel exigent d'elle bien plus que le charme immédiat et la séduction sensuelle. D'où ces visions ardentes et tendues qui n'ont pas fini de nous hanter, comme cette interprétation incandescente du concerto de Brahms qu'elle enregistre en public, le 3 mai 1948, sous la baguette de Hans Schmidt-Isserstedt.

— Pierre BRETON

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