ROSSINI GIOACCHINO (1792-1868)
On a écrit qu'entre Gluck et Wagner tout le drame musical est l'œuvre de Rossini. Il n'en faut pas sourire. On ne doit pas, en effet, mésestimer une œuvre pour laquelle Wagner professait la plus grande admiration. « Il restera de moi, disait Rossini, le troisième acte d'Otello, le deuxième de Guillaume Tell et tout Le Barbier de Séville. » Chaque fait saillant de la vie de Rossini est un événement de théâtre : tels sa naissance, son milieu familial, son enfance, sa vie intime, son rifiuto (sa retraite). En outre, sa venue à Paris, son passage à Vienne, son voyage en Angleterre constituent autant de jalons musicaux. Rossini fut le réformateur de l' opéra italien.
Un « génial paresseux »
Né à Pesaro, en Italie, Gioacchino Antonio Rossini était le fils d'un commerçant et d'une cantatrice d'occasion. Et c'est parce que les événements politiques firent du premier un musicien d'orchestre et de la seconde une chanteuse professionnelle que Rossini vécut toute son enfance au théâtre.
N'aimant pas l'effort, mais élève doué, Gioacchino apprit aisément le chant et l'accompagnement. À onze ans, lecteur consommé, corniste, accompagnateur, il chante et déchiffre à vue. À douze, il débute au théâtre, obligé de gagner sa vie et celle des siens. Il est déjà l'auteur des Six Sonates pour instruments à cordes qui étonnent par l'originalité de leur écriture et par leur spontanéité. À quatorze ans, il compose son premier opéra, que la famille Mombelli lui a fait écrire sans qu'il s'en rende compte, morceau par morceau : Demetrio e Polibio (1806). Déjà, il discerne l'importance de l'école allemande, il perçoit, seul, les éléments nouveaux dont Haydn et Mozart ont enrichi la musique, et, pour se faire la main, il met en partition quelques-uns de leurs quatuors et symphonies, et il compose pour le lycée de Bologne sa première cantate. Les années d'apprentissage s'achèvent. La simplicité de Haydn, l'inspiration de Mozart l'ont convaincu, la nécessité a fait le reste. En vingt-cinq ans, ce « génial paresseux » va écrire plus de quarante opéras.
Musique sacrée ou musique de théâtre ? En Italie, le chanteur fait la loi, et les saisons théâtrales prolifèrent. Par goût, mais aussi par obligation, Rossini se lance dans le genre à la mode : l' opéra bouffe. Donné à Venise, son opéra La Cambiale di matrimonio (Le Contrat de mariage, 1810) bénéficie d'un certain succès, malgré une orchestration trop chargée et qui fait hurler d'indignation les chanteurs. De retour à Bologne, il donne la cantate Didone abbandonata (1811) en hommage à la famille Mombelli, fait un triomphe avec L'Equivoco stravagante (1811), puis l'année suivante présente à Venise, notamment, L'Inganno felice (L'Heureux Stratagème).
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Écrit par
- Jean-Louis CAUSSOU : directeur de l'Opéra de Nantes
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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