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AGAMBEN GIORGIO (1942- )

Giorgio Agamben - crédits : Ulf Andersen/ Getty Images

Giorgio Agamben

Giorgio Agamben, né à Rome en 1942, est très certainement l'une des figures les plus originales de la philosophie italienne de la seconde moitié du xxe siècle. Après des études de droit et une thèse de philosophie juridique sur Simone Weil, il fait la rencontre dans les années 1960, à Rome, de Pasolini, d'Elsa Morante, de Moravia qui contribuent à affiner ses goûts pour la littérature. De 1966 à 1968, il est l'un des rares privilégiés à participer aux séminaires organisés autour de Heidegger, avec René Char et Jean Beaufret, au Thor. Deux autres rencontres furent décisives pour sa pensée, celle de José Bergamín et celle des écrits de Walter Benjamin dont il découvrit à la Bibliothèque nationale, à Paris, des manuscrits qu'il a contribué à éditer alors qu'il préparait l'édition italienne des œuvres complètes de l'écrivain et philosophe. Cette formation et ces rencontres, sa passion pour la philologie et les études érudites, ses intérêts pour la linguistique (avant tout celle de Benveniste) ou la psychanalyse (la théorie lacanienne) contribuent à définir l'originalité d'une pensée et d'une écriture tournées vers la question du langage : « Dans mes livres publiés, comme dans ceux que je n'ai pas écrits, se fait jour une seule réflexion obstinée : que signifie „il y a du langage“, que signifie „je parle“ ? » Son premier ouvrage traduit – Stanze. Parole et fantasme dans la culture occidentale (1977, trad. franç. 1981) – recueille ces riches expériences en un ensemble à la fois érudit (ces recherches sont issues d'un séjour au Warburg Institute de Londres) et foisonnant d'aperçus féconds sur les rapports entre la philosophie et la poésie, le réel et l'imaginaire, les « épiphanies de l'insaisissable » et les illusoires stratagèmes (rhétoriques, psychologiques) par lesquels les traditions occidentales ont essayé de « s'approprier l'inappropriable ». Baudelaire et les troubadours constituent alors ses objets d'étude privilégiés. Cette question du propre, de l'appropriation, va être développée de diverses manières dans une suite d'ouvrages qui en révéleront progressivement les implications éthique, juridique ou politique. Idée de la prose (1988) explore en une suite de courts textes, qui sont comme autant de « miniatures », la fracture dans le langage entre la langue et le discours (pour reprendre les catégories de Benveniste) et la faille entre la langue et la voix. Cette « nature scindée de l'homme entre langue et parole » sera analysée dans Enfance et histoire (1978, trad. franç. 1989). Si, parmi tous les êtres, seul l'homme a une enfance, et si c'est « dans et par le langage que l'homme se constitue en sujet » qui peut avoir une expérience et une histoire, comment concevoir les rapports entre enfance, langage et histoire ? Dans son séminaire Le Langage et la mort (1982, trad. franç. 1991), travaillant à partir de Hegel et de Heidegger, Agamben approfondira ces questions faisant signe vers une pensée de l'homme en tant que le seul être qui, n'ayant pas de vocation déterminée, est ouvert au possible, signe de sa puissance et de son impotence.

Cette pensée de l'indétermination fondamentale de l'homme va être développée dans La Comunità che viene (1990, traduit en français sous le titre La Communauté qui vient, la même année) et dans Moyens sans fin (1995). Nos sociétés de masse posent avec acuité la question d'une « singularité sans identité » : « Si les hommes [...] parvenaient à faire de leur propre être-ainsi non pas une identité mais une singularité commune et absolument exposée, [...] alors l'humanité accéderait pour la première fois à une communauté sans présupposé et sans objet, à une communauté qui ne connaîtrait plus l'incommunicable. » C'est sur[...]

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Giorgio Agamben - crédits : Ulf Andersen/ Getty Images

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