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PAUL VI, GIOVANNI BATTISTA MONTINI (1897-1978) pape (1963-1978)

Paul VI - crédits : Express Newspapers/ Hulton Archive/ Getty Images

Paul VI

Le 21 juin 1963, le cardinal Gianbattista Montini, archevêque de Milan, élu par le conclave pour succéder à Jean XXIII, annonça qu'il choisissait le nom de Paul VI. Ce nom, qui n'avait plus été porté depuis le début du xviie siècle, avait sûrement une valeur symbolique, mais laquelle ? Pour tout le monde, il évoquait Paul, l'Apôtre des gentils, et donc un programme « missionnaire ». Pour les historiens, il renvoyait aux cinq papes qui l'avaient porté : saint Paul Ier, un pontife du viiie siècle, qui avait réorganisé le pouvoir temporel de la papauté ; au xve siècle, Paul II, qui s'efforça en vain d'organiser une croisade contre les Turcs ; au siècle suivant, Paul III, un humaniste, qui prépara et ouvrit le concile de Trente ; Paul IV, un homme austère, qui estima n'avoir pas besoin du concile pour réformer l'Église ; enfin, Paul V, qui appliqua les décrets du concile avec vigueur et qui condamna Galilée.

À défaut d'un modèle et d'un programme, ces noms suggèrent un climat. De son prédécesseur Paul VI recevait l'héritage d'un concile qu'il devait conduire à son terme et qui avait pour tâche l'aggiornamento de l'Église catholique : ce néologisme avait été délibérément choisi par Jean XXIII pour éviter le terme de « réforme », chargé d'un passé trop lourd, mais aussi celui de « modernisation », compromis par la « crise moderniste » du début du xxe siècle. Il ne s'agissait pas pour l'Église de se mettre au goût du jour, ni même de procéder à un examen de conscience, mais, dans la certitude de sa vérité et de sa mission, d'adapter ses méthodes et ses ressources à ses tâches présentes et à des circonstances nouvelles. « Aménagement » est sans doute le mot qui convient le mieux en l'absence d'un équivalent français de ce terme italien qui, pour cela, a fait son entrée dans notre langue. Mais en choisissant son nom, Paul VI accentuait la référence à l'époque de la Contre-Réforme, en même temps qu'aux temps apostoliques.

L'achèvement du concile

Le nouveau pape n'était pas un inconnu des journalistes ni même de l'opinion publique. Né le 23 septembre 1897 – donc âgé de 65 ans au moment de son élection –, il était entré en 1924 à la Secrétairerie d'État, où il devait faire toute sa carrière jusqu'à sa nomination, par Pie XII en 1954, à l'archevêché de Milan. Depuis dix ans, il était avec Mgr Tardini l'un des deux collaborateurs immédiats du Saint-Père. Les deux hommes étaient fort différents : Tardini incarnait la rigueur intransigeante, tandis que Montini symbolisait l'accueil compréhensif. Le sourire et l'amabilité du second ont certainement beaucoup contribué à son élection. Dans l'ombre austère de Pie XII, il rayonnait de sympathie. Il avait la réputation d'un homme de culture, nourri d'humanisme chrétien, ouvert au monde. Il avait traduit plusieurs ouvrages de Maritain en italien et on savait qu'il tenait en haute estime le philosophe français, dont il avait défendu les thèses attaquées par les milieux traditionalistes.

Apparemment, nul n'était mieux préparé à la tâche qui l'attendait et plusieurs avaient même pensé qu'il pourrait succéder à Pie XII : peut-être cela serait-il arrivé s'il avait été cardinal en 1958 ; il ne devait l'être que quelques mois après, grâce à Jean XXIII. Celui-ci était alors présenté comme un pape de transition. Nul n'imaginait que son pontificat serait décisif pour l'Église romaine et même pour l'ensemble des Églises chrétiennes. Le premier événement historique à mettre à son actif, ce fut ce pontificat lui-même et l'impression extraordinaire laissée par « le bon pape Jean ». Le second, ce fut son annonce de la convocation d'un concile œcuménique, dont la première session devait[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

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Média

Paul VI - crédits : Express Newspapers/ Hulton Archive/ Getty Images

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