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DELLA CASA GIOVANNI (1503-1556)

Appartenant à une noble famille florentine originaire du Mugello, Giovanni Della Casa séjourne tout jeune à Rome et à Bologne. De retour à Florence, il étudie les lettres puis revient à Bologne pour des études de droit, mais il s'intéresse davantage aux auteurs latins et se lie avec Beccadelli et Gualteruzzi. En 1528, il apprend le grec à Padoue sous la direction du cardinal Bembo. À Rome, où il se fixe dès 1529, il mène une vie très libre et fréquente Berni, Firenzuola, Molza, qui font partie de l'Académie des Vignaiuoli. Il compose plusieurs capitoli bernesques, publiés en 1538, qui lui seront plus tard reprochés, ainsi qu'un traité misogyne en latin. Protégé par le cardinal Alexandre Farnèse, Della Casa décide, comme d'autres hommes de lettres, d'embrasser la carrière ecclésiastique. Il devient clerc de la Chambre apostolique en 1538, mais ne recevra les ordres que bien plus tard. C'est comme commissaire apostolique qu'il revient à Florence en 1541. Il fait partie de l'Académie florentine. Nommé archevêque de Bénévent en 1544, il est envoyé la même année à Venise en qualité de nonce apostolique. Il y défend habilement les intérêts de l'Église à un moment où s'amorce un durcissement des positions de celle-ci. Il introduit en Vénétie les tribunaux de l'Inquisition : le plus célèbre des accusés qu'il poursuivra sera l'évêque Pier Paolo Vergerio. En 1548, Della Casa fait publier un index de livres interdits. S'il a pu composer à Venise un discours anti-espagnol appelant à la constitution d'une ligue, il demandera un peu plus tard à Charles Quint, dans un autre discours, la restitution de la ville de Plaisance. Sous le pontificat de Jules III, la disgrâce du cardinal Farnèse l'amène à se retirer, à Venise d'abord en 1551, puis dans l'abbaye de Nervesa près de Trévise. Élu pape en 1555, Paul IV le rappelle à Rome où, sans avoir obtenu le cardinalat tant espéré, il meurt un an plus tard.

Précédé par un ouvrage en latin de 1546, le De officiis inter tenuiores et potententiores amicos qui en annonce l'esprit (la traduction italienne sera publiée en 1559), l'ouvrage le plus célèbre de Della Casa, le Galateo, est composé en 1552-1555. Dédié à un prélat, Galeazzo Florimonte, dont le prénom latinisé sert de titre, ce livre est un traité du comportement quotidien en société placé dans la bouche d'un vieil homme sans culture parlant à un adolescent. Doivent être évitées, d'abord, les choses qui déplaisent à un de nos sens. Comme les hommes recherchent la bienveillance, l'honneur et le divertissement, il ne faut pas, non plus, les heurter ou les blesser par nos manières. On cultivera la grâce et la mesure. Dans ce traité, qui prône l'adaptation de l'individu à une société dont la hiérarchie est rigide, sont envisagées aussi bien les formules de politesse que le vêtement ou les manières de table.

Mais, surtout, Della Casa est le meilleur des poètes italiens durant la période qui sépare l'Arioste du Tasse. Auteur de soixante-douze sonnets, de quatre chansons, d'une sextine et d'un madrigal, il part de Pétrarque et de Bembo pour affirmer très vite son originalité. Ses vers se caractérisent par la recherche d'une nouvelle mesure métrique obtenue par des pauses, de nombreux enjambements, ainsi que par une tonalité sombre et une forte tension dramatique. Les poésies de la dernière période, qui sont parmi les plus belles, reflètent, comme en une autobiographie, toute son amertume et son désenchantement.

— Michel PLAISANCE

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